Les systèmes de protection sociale en France et en Allemagne, bien que différents, partagent de nombreux traits communs, facilitant l’échange de bonnes pratiques :
- En 2022, la France avait le ratio de dépenses le plus élevé de l’OCDE à 31,6 % du PIB contre 26 % en Allemagne et une moyenne de 21 % dans l’OCDE.
- Les principales dépenses concernent la santé et les retraites. Les deux pays ont mis en œuvre une réforme des retraites depuis 2000, dont les effets ne sont pas encore pleinement visibles.
- L’investissement dans les services de garde d’enfants est crucial, avec la France qui possède un système complet et l’Allemagne qui augmente ses investissements depuis l’an 2000.
- Les dépenses sociales privées sont légèrement supérieures à la moyenne de l’OCDE, mais diffèrent dans leur nature, étant volontaires en France et obligatoires par la loi en Allemagne.
- La France présente une récupération nette plus importante des prestations sociales par la fiscalité que l’Allemagne.
- En 2022, la France avait le ratio impôts/Pib le plus élevé de l’OCDE (46 %) et l’Allemagne (39 %), au-dessus de la moyenne (34 %).
- Les deux pays tirent la majorité de leurs recettes des cotisations sociales.
- En Allemagne, les cotisations sociales des employeurs et des salariés financent deux tiers des dépenses sociales.
- En France, une part croissante des cotisations sociales, notamment patronales, est remplacée par l’impôt incluant la contribution sociale généralisée (CSG) depuis 2018.

La dette publique française est nettement plus élevée qu’en Allemagne (113 % du PIB contre 66 %) au deuxième trimestre 2024 limitant ainsi la capacité de la France à financer davantage par l’emprunt.
- Le système d’imposition et de prestations en France a un effet redistributif plus marqué qu’en Allemagne, rendant l’inégalité des revenus après distribution similaire entre les deux pays et légèrement inférieur à la moyenne de l’OCDE.
- Les travailleurs à temps plein en Allemagne contribuent davantage aux administrations publiques qu’en France, quel que soit leur niveau de salaire, en raison de cotisations sociales plus élevées en Allemagne.
- En France, la prime d’activité et des prestations familiales ciblées modèrent cette charge pour les bas salaires.
- Le soutien aux familles qui travaillent est généreux dans les deux pays, mais la structure des prestations diffère : les transferts en espèces étant plus soumis à des conditions de ressources en France comparés à un crédit universel en Allemagne.
- L’impôt sur le revenu est réduit pour les familles avec enfants dans l’ensemble des pays de l’0CDE, mais plus particulièrement en France et en Allemagne.
- Le système d’imposition et d’indemnisation en Allemagne favorise un modèle de revenu familial avec un partenaire travaillant à temps partiel (une réforme envisagée dans un prochain gouvernement pourrait renforcer les incitations à l’augmentation du temps de travail pour le second apporteur de revenu).
Retraites, quelles règles de pilotage en Allemagne : le régime allemand fonctionne par points avec un pilotage automatique. La revalorisation sur les salaires de la valeur de service du point, et donc des pensions, prend en compte les évolutions démographiques à travers l’évolution du rapport retraités/cotisants, avec une clause de sauvegarde garantissant que les retraites ne puissent baisser.
- Des seuils minimaux de taux de remplacement net à ne pas franchir à moyen et long terme (48 % jusqu’en 2025 et 43 % jusqu’en 2030), ont été fixés.
- Il en est de même des seuils de cotisations à ne pas dépasser à moyen et long terme (20 % à l’horizon 2025 et 22 % à l’horizon 2030).
Deux facteurs principaux entre 2010 et 2019 entre la France et l’Allemagne semblent expliquer la divergence des dépenses publiques : les retraites et le chômage.
- En France, les dépenses publiques pour les retraites ont augmenté de 0,5 % du PIB, alors qu’elles n’ont pas changé en Allemagne.
- Sur la même période, pour le chômage, les dépenses publiques en pourcentage du PIB, ont diminué de 0,7 % en Allemagne et de seulement 0,1 % en France.
- Avec l’apparition de la pandémie du Covid, la part des dépenses sociales dans le PIB a considérablement augmenté (près de 3 points de PIB, passant de 20 % en 2019, à 23 % en 2020 en comptant la contraction du PIB de 0,5 %).
- Les dépenses sociales ont augmenté en 2020 de 7 % dans les deux pays, alors que le PIB réel a diminué de 8 % en France et de 4 % en Allemagne. La fluctuation du ratio des dépenses publiques a été moins forte en Allemagne.
À l’avenir, les dépenses en part de PIB connaîtraient une baisse en France, alors qu’elles augmenteraient en Allemagne (-0,8 point contre +0,5 point), malgré un vieillissement plus marqué, en raison d’un effet plus important des réformes sur le pourcentage de retraités et la pension relative en France, ainsi qu’une progression plus importante du taux d’emploi.
Quelles différences de niveau de vie et de taux de pauvreté ? Le taux de pauvreté des personnes de plus de 65 ans et plus en 2020, après impôts et transferts, défini au seuil de 60 % du revenu médian, était 1,6 fois plus élevé en Allemagne (20,9 %), qu’en France (13,3 %)
- Le niveau de vie moyen des séniors (plus de 65 ans) français est proche de l’ensemble de la population (97 %), alors qu’il est plus faible en Allemagne (88 %).
- Il comporte une part moins importante de revenus d’activité (166 euros mensuels par unités de consommation (UC en France), contre 464 euros en Allemagne).
Quels écarts de perceptions dans les deux pays ? Les opinions sur le niveau de vie des retraités sont moins positives en France qu’en Allemagne :
- 73 % des Français pensent, en 2016, que le niveau de vie des retraités est mauvais (contre 53 % en Allemagne) alors même qu’en France le niveau de vie des 65 ans et plus est plus proche de celui des actifs.
- Les Français sont plus nombreux à penser ne pas pouvoir continuer leur travail au-delà de 60 ans en 2015 (plus de 40 % des Français interrogés contre 20 % des Allemands).
Pour autant, la satisfaction moyenne dans la vie des 65 à 74 ans est proche entre les deux pays, sur une échelle de 0 (pas du tout satisfait) à 10 (tout à fait satisfait), la satisfaction moyenne des séniors français est de 7,1 contre 7,0 pour des séniors allemands en 2023.
Références