samedi 19 juillet 2014
La réforme législative du rail réarticule le groupe public SNCF en trois entreprises (un holding, et deux filiales pour le transport et le réseau) : résultat de deux ans de négociations avec les syndicats et avec l’Union européenne, elle veut améliorer les synergies et maîtriser la dérive de la dette, tout en respectant les règles de l’Union imposant la séparation du réseau afin de garantir son accès à des compagnies concurrentes sur les grandes lignes à partir de 2019. Le projet de loi, approuvé par l’Assemblée nationale et le Sénat, devrait faire l’objet d’une commission paritaire des deux assemblées pour déboucher sur une version définitive. Après publication, elle devrait être suivie de négociations sur sa mise en œuvre.
Qu’en a pensé l’opinion publique ?
Un sondage BVA pour le Parisien libéré en date des 19-20 juin 2014, donc réalisé alors même que la grève était sur le point de se terminer le 23 juin, (http://www.bva.fr/fr/sondages/_la_personnalite_de_la_semaine/opinion_des_francais_sur_la_cgt_et_thierry_lepaon.html) donne une idée des réactions à chaud.
– 69 % des Français ont une mauvaise opinion de la CGT, contre 28 % d’un avis contraire. 77 % désapprouvaient la grève et 17 % la soutenaient. Les salariés sont 67 % à avoir une mauvaise opinion (72 % dans le privé, 61 % dans le public). Autant dire un désaveu massif.
– Une nette majorité (réponses entre 77 % et 56 %) trouve la CGT trop systématiquement opposée aux réformes, trop idéologique, démagogique, défendant plus les salariés du public que ceux du privé, alors que seulement 28 % la considère comme « force de propositions », 33 % « proche des réalités du terrain », 38 % « utile ».
– L’image de Thierry Lepaon en souffre : 75 % de mauvaises opinions chez ceux des Français qui le connaissent suffisamment pour avoir un avis, mais 56 % de bonnes opinions chez les sympathisants de gauche, cependant seulement 33 % chez ceux du PS).
– Dans la foulée, la CGT entraîne le syndicalisme salarié dans son ensemble : 31 % seulement en ont une bonne opinion, contre 68 % une mauvaise (avec 5 points de plus qu’en avril).
Le sondage s’en aussi intéressé au sentiment de proximité (ou de moindre éloignement) des Français et des salariés parmi les trois plus grands syndicats de salariés :
Syndicat | Proximité, chez les Français | Proximité, chez les salariés |
---|---|---|
CGT | 17 % | 23 % |
CFDT | 48 % | 58 % |
FO | 17 % | 20 % |
Dans ce contexte particulier et face à un choix réduit à ces trois organisations [1] , la CFDT, dont la position était clairement hostile à la grève à la SNCF, jugée inutile, en profite largement. Ceci ne permet pas d’en tirer des conclusions générales, ni sur les prochaines élections professionnelles à la SNCF, ni dans les autres entreprises. Certes cela ne peut pas faire de mal à la CFDT, mise en valeur par la visibilité de ce type de conflit et les problèmes pratiques qu’ils posent à de nombreux salariés. On pourrait en dire autant de l’UNSA, même si nous ne disposons pas d’outil de mesure. Nul ne doute que la CGT pour sa part cherchera à vérifier au travers des résultats d’élections ou enquêtes si ce sondage ponctuel est infirmé ou confirmé, quitte à rectifier le tir, si ses dissensions internes le lui permettent.
[1] L’étroitesse de l’échantillon explique probablement que la question n’ait pas intégré ni l’UNSA (pourtant deuxième organisation à la SNCF), ni Solidaires, pas plus que la CFTC ou la CGC.
En conséquence certains des interviewés ont pu émettre un choix négatif à l’égard de la CGT et FO et n’avoir plus à choisir qu’entre la CFDT et une non réponse.