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Les clés du social : Efficacité du dialogue social : la perception des salariés s'améliore

Efficacité du dialogue social : la perception des salariés s’améliore

Publié le 8 janvier 2025 / Temps de lecture estimé : 4 mn

Les salariés gardent un état d’esprit plutôt positif sur leur activité professionnelle et accordent de plus en plus de confiance aux organisations syndicales et en l’efficacité du dialogue social même s’ils sont encore nombreux à en douter. Ce sont les principaux enseignements que l’on peut tirer du 5ème baromètre du dialogue social de l’association Dialogues en lien avec le CEVIPOF (Sciences po) et l’institut de sondage Ipsos [1] qui fait comme chaque année le point sur l’état d’esprit des salariés, leur perception du dialogue social et de ses acteurs.

Un état d’esprit des salariés plutôt positif

Interrogés sur un certain nombre de qualificatifs pouvant définir leur état d’esprit dans leur activité professionnelle, les salariés mettent plutôt en avant des valeurs positives (61 %) en légère progression de 3 points par rapport à 2022 date de la dernière enquête. 31 % se déclarent confiants (+1pt), 23 % enthousiastes (+1 pt) ou encore 25 % s’épanouissent (+2 pts). Ils expriment beaucoup moins qu’en 2022 de la lassitude (27 % ; -8 pts) ou de l’inquiétude (21 % ; -8 pts). 21 % font état de désillusion (nouveau paramètre). La colère est en net retrait : 8 % des salariés seulement l’expriment (-6 pts).

Les plus positifs sont les cadres et les salariés des TPE tandis que les plus négatifs sont les salariés syndiqués et ceux des grandes entreprises. Les non-cadres sont partagés entre opinions positives et négatives mais font état plus que les autres de désillusion. Les cadres, eux sont les plus inquiets.

Une confiance accrue envers les syndicats

Quand on demande en qui ils ont confiance, les salariés mettent en premier leurs collègues de travail (80 %), les PME (77 %) et leur encadrement immédiat (71 %). La confiance envers les directions d’entreprise reste importante (55 %). Toutes les autres institutions ou organismes recueillent moins de confiance que de non-confiance.

Les responsables syndicaux de l’entreprise inspirent confiance à 48 % des salariés et les syndicats au sens général à 42 % en progression de 6 points par rapport à 2022.

C’est dans les établissements de taille intermédiaire (ETI) que la confiance envers les responsables syndicaux de l’entreprise (51 %) et les syndicats (47 %) est la plus forte. C’est aussi là qu’ils sont plus proches et accessibles des salariés, une demande réitérée par les salariés.

Par contre la défiance vis-à-vis des partis politiques ne se dément pas avec 87 % de non-confiance, un peu plus que les réseaux sociaux (-81 %).

Vive le compromis !

Les salariés sont des adeptes du compromis. Ils sont près de 4 sur 5 à penser qu’il doit « toujours » être privilégié. Il est plus légitime que le vote (57 %) même s’ils sont partagés (49/51 %). Toutefois, ils le trouvent compliqué à trouver. Ils pensent que le compromis donne des résultats positifs (65 %). Les syndiqués sont les plus sceptiques avec 45 % qui pensent qu’il ne donne jamais de résultats.

Le dialogue social, c’est quoi pour les salariés ?

Mais les salariés semblent à avoir du mal à définir ce qu’est le dialogue social. Ils évoquent d’abord le dialogue professionnel c’est-à-dire les discussions collectives ou individuelles avec leur encadrement ou les relations sociales au quotidien (36 %) et placent ensuite la négociation des accords collectifs (34 %) ou les relations entre les représentants du personnel et la direction (32 %). Ils sont partagés pour trouver le dialogue social complexe (51 %). 53 % pensent qu’il fonctionne bien dans leur entreprise, surtout les cadres (60 %) et les salariés des PME (54 %) où pourtant les acteurs syndicaux sont moins présents. Par contre au niveau national, ils pensent qu’il ne fonctionne pas bien (74 %).

Les salariés s’interrogent sur l’efficacité du dialogue social

Pour les salariés, le dialogue social existe bien dans les entreprises (80 %). Un tiers des salariés le trouve efficace en progression de 7 points par rapport à 2022 mais près de la moitié (47%) le jugent inefficace même s’ils sont moins nombreux que les années précédentes (-7 points par rapport à 2022). Ce sont les salariés des ETI (56 %) et des grandes entreprises (58 %) qui sont les plus sévères, c’est-à-dire là où justement a lieu le dialogue social entre direction et représentants du personnel.

Cette inefficacité est attribuée à des questions de méthodes (31 %) mais aussi de personnes (30 %) ou encore d’organisation du dialogue social (28 %). L’éloignement des managers et des élus du personnel sont des facteurs qui peuvent aussi expliquer cette inefficacité pour 19 % et 15 % des salariés. Des résultats qui devraient interroger les responsables syndicaux mais surtout les responsables d’entreprises sur leurs pratiques vis-à-vis de leurs interlocuteurs syndicaux qui recueillent de plus en plus la confiance des salariés.

Ainsi, les salariés considèrent que ce sont les syndicats qui se préoccupent le plus de ce que pensent les salariés (48 %), en nette progression par rapport à 2022 (+8 points), devant les employeurs (39 % ; +7 pts) et peu le ministère du Travail (22 %).

A contrario, ce sont les solutions non syndicales qui sont privilégiées pour influencer les décisions de l’employeur. On s’appuie plus sur se fédérer entre collègues (34 %) ou sur les rapports individuels avec les supérieurs (33 %) que sur le référendum (20 %), la grève (19 %), le vote aux élections des représentants du personnel (18 %) ou encore se syndiquer (15 %).

Enfin, les deux thèmes qui ressortent en priorité pour le dialogue social sans surprise sont les salaires (pour 62 % des salariés) et les conditions et l’organisation du travail (51 %).



La conclusion que l’on peut tirer de cette enquête est tout de même que les indicateurs favorables au dialogue social et aux syndicats sont en progression par rapport aux années passées. Elle confirme en cela les conclusions d’autres enquêtes sur le sujet. Une bonne nouvelle dans une société que l’on dit si fracturée.


Source


[1Enquête Ipsos pour Dialogues et le CEVIPOF (Sciences-po) effectué du 4 au 10 octobre 2024 par internet auprès d’un échantillon de 1681 personnes (dont 609 cadres, 729 salariés de PME (TPE comprises), 533 d’ETI, 419 de Grandes Entreprises) en utilisant la méthode des quotas.