Une diminution du poids des grandes communes dans la population
Avec 35 868 communes pour 65,9 millions d’habitants au 1er janvier 2014, la population a augmenté de 0,5 % par an dans les 5 dernières années. Or, la population des 100 premières communes (55 800 habitants et plus) n’a connu que 0,3 % de croissance par an et n’a participé qu’à 13 % de l’essor de la population, au contraire de l’essor des petites communes (0,7 % par an pour celles de 5 000 à 10 000 par exemple, 0,6 % pour celles de 1 000 à 5 000 et de 10 000 à 25 000) qui ont engendré 48 % de l’augmentation totale.
Ce qui explique que le poids des grandes communes diminue dans la population par rapport à 1962. Les 100 plus grandes communes fournissent maintenant 21,5 % de la population contre 27,2 % en 1962. Par exemple, entre ces deux dates, Paris est passé de 2,8 millions à moins de 2,2 millions, et donc de 5,9 à 3,4 % de la population française. Ce sont surtout les villes intermédiaires qui en ont bénéficié.
L’évolution entre les 100 grandes villes est cependant contrastée, entre des pertes de population pour 27 d’entre elles, à Paris, Metz, Nancy, Le Havre, Saint Étienne, Limoges, etc. et les 45 les plus dynamiques (0,5 % et plus par an) comme Toulouse, Lyon, Nantes, Grenoble, Montpellier, etc.
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La fracture territoriale de l’emploi
Au contraire de l’évolution démographique, les grandes métropoles concentrent 46 % de l’emploi (22 % pour l’aire urbaine de Paris et 24 % pour les grandes aires urbaines des régions). Ce mouvement s’accentue, vu la dynamique et la modernité des activités qui y sont présentes, les métiers de cadres et les hauts niveaux de qualification, de connaissance et d’innovation qu’on y trouve, la concentration géographique des entreprises et services qui facilite leurs relations et leur coopération. On trouve dans ces aires urbaines de plus de 500 000 habitants 85 % des ingénieurs informatiques, 75 % des professionnels de l’information et de la communication, 69 % des personnels d’étude et de recherche… en somme des métiers à fort potentiel de création d’emplois.
Une grande question est donc, dit France Stratégie, d’avoir un effet d’entraînement sur la périphérie, d’« irriguer les territoires périphériques » par les moyens existants de canaux d’« irrigation » pour susciter de la richesse additionnelle. C’est le cas de l’économie résidentielle telle Annecy qui bénéficie de la proximité de la Suisse, comme de la redistribution d’une partie de la richesse produite par une fiscalité au service du développement des territoires, mais aussi par l’implantation d’établissements favorisant l’accès à la connaissance, les technologies numériques et le télétravail.
Mais là aussi, les situations sont contrastées entre les régions : certaines en tirent leur parti (Bretagne, Paca…), et d’autres souffrent de leur désindustrialisation (Grand Est, Centre-Val de Loire, Hauts de France…).
Au-delà des périphéries des métropoles (jusqu’à 90 km) qui regroupent ¼ des emplois, les territoires plus excentrés en accueillent un autre ¼. L’irrigation doit donc se répartir à l’intérieur de ces territoires, d’autant plus que les métiers présents y sont jusque-là des métiers fragiles, de la métallurgie plus ancienne, du textile, ainsi que des caissiers de supermarchés, ou des ouvriers agricoles…
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Vu cet écart croissant entre les territoires, c’est un enjeu en particulier pour les nouvelles régions que de travailler à réduire leurs fractures internes entre métropoles, grandes villes et le reste de leur territoire, d’autant que certaines zones peu développées ou désindustrialisées connaissent des taux de chômage catastrophiques.
Sources
- La prédominance démographique des grandes communes s’atténue :
https://www.insee.fr/fr/statistiques/2533334
- Dynamique de l’emploi et des métiers : quelle fracture territoriale ?
http://www.strategie.gouv.fr/publications/dynamique-de-lemploi-metiers-fracture-territoriale