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Les clés du social : La semaine en 4 jours : réelle demande, mais expériences mitigées !

La semaine en 4 jours : réelle demande, mais expériences mitigées !

Publié le 17 août 2024 / Temps de lecture estimé : 3 mn

Une étude du Credoc pour Adecco groupe [1] fait un premier bilan mitigé des expérimentations dans les entreprises et les administrations de la semaine de 4 jours. Si la moitié des salariés paraissent favorables à cette organisation du temps de travail, ceux qui la vivent sont plus partagés sur ses conséquences en matière de conditions de travail et même parfois en termes de conciliation des vies professionnelle et familiale qui en est pourtant une des principales motivations.

1 actif sur 10 travaille quatre jours par semaine

11 % des travailleurs pratiquent la semaine de quatre jours sans réduction du temps de travail, avec des plages horaires plus longues, ou avec réduction du temps de travail, le plus souvent avec 32 heures hebdomadaires ou encore un passage de 39 heures à 35 heures. Il existe une autre organisation que l’étude appelle « Temps convenu » qui donne au salarié la maitrise de son organisation du travail en indiquant lui-même à son entreprise ses créneaux d’horaires de travail.

La semaine de quatre jours existe depuis longtemps chez les salariés à temps partiel choisi ou subi. Toutefois, les trois quarts des salariés qui pratiquent la semaine de quatre jours travaillent à temps plein et les deux tiers travaillent 35 heures et plus.

Il s’agit le plus souvent d’agents de la fonction publique. 27 % des salariés concernés sont sous contrat précaire (contractuels dans le public ou en CDD dans le privé). Les cadres et les professions intellectuelles sont surreprésentés dans les salariés en semaine de 4 jours. A contrario, les secteurs moins concernés sont le commerce, les transports et les services autres que la fonction publique.

Une organisation séduisante pour de nombreux salariés et certains employeurs

49 % des salariés seraient plus satisfaits de bénéficier d’une telle organisation de la semaine de travail quand 24 % estiment que cela ne changerait rien et que 22 % sont contre. Cela semble répondre à une demande plus générale d’une plus grande souplesse dans l’organisation du temps de travail. À ce titre, la semaine de 4 jours est placée en tête des solutions pour y répondre (26 % des salariés) contre 21 % favorables à une plus grande individualisation du temps de travail. 20 % souhaitent des horaires stables et standards.

Les personnes interrogées pensent que la semaine de quatre jours répond à la demande d’un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle mais aussi à la volonté de disposer de plus de temps pour soi.

Les employeurs qui ont expérimenté la semaine de quatre jours ont aussi été motivés par l’amélioration des conditions de vie de leurs salariés leur permettant d’être plus à l’aise au travail. C’est aussi pour eux un levier d’attractivité dans un contexte de pénurie de main d’œuvre ou encore une manière de proposer une organisation attractive du temps de travail quand le télétravail n’est pas accessible à certains de leurs salariés.
Accessoirement et plus prosaïquement c’est aussi un moyen de faire des économies de chauffage, d’électricité, d’eau, etc. avec quatre jours de charges au lieu de cinq.

Les employeurs y mettent toutefois une condition essentielle : qu’une telle organisation maintienne la rentabilité de l’entreprise. Il semble aussi que l’extension des horaires ait permis à certaines entreprises d’améliorer le service à leur clientèle ou aux usagers.

Toutefois, de nombreux inconvénients existent

Le premier écueil évoqué par l’étude est la soutenabilité du rythme de travail que la semaine de quatre jours impose par l’allongement des journées de travail, surtout quand il n’y a pas de réduction de travail.

En effet, le premier inconvénient évoqué est la fatigue ressentie même chez les salariés qui sont satisfaits de cette organisation de leur temps de travail. Ainsi 32 % des satisfaits la mentionne et 43 % des non-satisfaits.

Deuxième point que les salariés évoquent, ces sont les contreparties négatives à la mise en place de la semaine de 4 jours pour 31 % des satisfaits et 39 % des non-satisfaits : plages horaires non souhaitées, plus de polyvalence, un accès plus difficile au télétravail.

Un autre inconvénient est exprimé par les jeunes parents qui considèrent que cette organisation leur complique la vie notamment en matière de garde d’enfants.

L’étude fait état d’autres inconvénients en matière environnementale, d’égalité professionnelle, d’inclusion des personnes en situation de handicap ou encore de difficultés supplémentaires pour les managers.

On le voit, si la semaine de 4 jours peut être une réponse à une demande de plus grande maîtrise de leur temps par les salariés, l’expérience montre qu’elle peut aussi être un facteur d’aggravation des conditions de travail et de vie d’un certain nombre d’entre eux. Comme pour toutes les questions qui touchent à l’organisation du temps de travail, elle nécessite une réflexion préalable dans l’entreprise entre la direction, les salariés et bien sûr leurs représentants. L’étude y fait d’ailleurs allusion en soulignant l’implication indispensable des syndicats « pour mener à bien ce projet ».


Source


[1Enquête effectuée du 28 septembre au 9 octobre 2023 auprès d’un échantillon de 2976 internautes âgés de 15 ans et plus et sept entretiens menés auprès d’employeurs, des DRH et responsables qualité de vie au travail concernés par la semaine de 4 jours.