Cela suppose déjà d’identifier ce que l’on entend par « emplois verts ». Selon l’ampleur et l’ouverture de la définition du secteur, on aboutit à des chiffrages différents. Les emplois verts sont un des domaines de veille de Trendeo, société de veille économique, qui définit ainsi neuf secteurs : éolien, solaire, méthanisation, recyclage et dépollution, véhicules électriques, biomatériaux et écoconstruction, divers et mixtes, bois de chauffage, biocarburants, géothermie et aérothermie.
Pour le Commissariat général au développement durable, les éco-activités, « activités qui produisent des biens et services ayant pour finalité la protection de l’environnement ou la gestion des ressources naturelles », représentent en 2010 452 600 emplois. De 2004 à 2010, ils ont progressé de 3,4 % par an, beaucoup plus vite que l’évolution générale des emplois (+0,5 % par an). La crise a beaucoup ralenti l’évolution en 2009, mais la croissance a repris en 2010 (+4,5 %). Et Trendeo table sur 24 000 emplois créés de 2009 à 2012.
Toutes les filières n’ont pas la même dynamique, et leur évolution dépend encore grandement des politiques d’État et de leurs à-coups : une fragilité du secteur ! Le moratoire sur le photovoltaïque fin 2010 a causé un brusque retournement, un arrêt de la création d’emplois, avec des arrêts de production et même des emplois menacés (usine Bosch à Vénissieux). Au contraire les appels d’offres pour l’éolien en mer ont donné un coup de fouet au secteur en 2012.
De même, l’industrie des biocarburants s’essouffle (-6 emplois en 2012), alors que la méthanisation annonçait en 2012 +1 000 emplois et le recyclage et la dépollution +500 emplois, deux secteurs beaucoup plus autonomes par rapport aux politiques publiques. L’efficacité énergétique, c’est-à-dire le rapport entre ce que produit un dispositif ou un système et ce qu’il absorbe comme énergie, démarre et le Cired (Centre international de recherche sur l’environnement et le développement) confirme une prévision d’effet positif sur l’emploi de l’ordre de 240 000 équivalents temps plein en 2020 et 630 000 en 2030.
Cependant, ces emplois verts sont souvent des métiers « verdis » plus que des métiers nouveaux. Les entreprises et ONG recherchent beaucoup des profils de double compétence où le développement durable s’articule avec une qualification plus classique.
Le Cereq note ainsi un décalage entre les formations attractives et les offres d’emplois proposés. Car d’une part, beaucoup de ces emplois sont peu qualifiés et les taux d’encadrement plus faibles que dans d’autres secteurs. D’autre part, les formations en aménagement du territoire et de la nature, qui attirent beaucoup, ont des effectifs surabondants par rapport aux emplois disponibles.
Cependant, dans l’enquête trois ans après de la génération 2004 du Cereq, si l’insertion professionnelle des jeunes sortis en 2004 de ces formations est moins favorable que pour l’ensemble des formations, celle des jeunes ayant poussé jusqu’au niveau universitaire est meilleure ainsi que celles destinées à l’industrie ou à la construction. Une adéquation entre l’offre d’emplois et la demande reste nécessaire, ce qui suppose une plus grande visibilité des perspectives du secteur.