De fortes inégalités de revenus, de niveau différent selon les régions mondiales
Le tableau suivant illustre bien niveau et écart des inégalités entre les grandes régions du monde, du Moyen-Orient à l’Europe, à partir de la part du revenu national captée par les 10 % les plus aisés. Les inégalités sont fortes, et plus encore dans certaines régions du monde.
Part des revenus des 10 % les plus aisés dans le monde en 2016
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Un accroissement des inégalités en 35 ans
Elles ont augmenté dans beaucoup de ces zones, rapidement en Amérique du nord, en Chine, en Inde et en Russie ; plus modérément en Europe, en particulier en France, après des années d’après-guerre plus « égalitaristes ». Au contraire elles sont restées à peu près stables ou en légère baisse là où, déjà, les inégalités étaient très élevées, Moyen-Orient, Afrique subsaharienne, Brésil.
Ainsi la montée a été très forte dans les anciens pays communistes une fois ouvertes leurs économies, tout spécialement en Russie.
De même, entre les pays démocratiques qui avaient des niveaux d’inégalités semblables en 1980, les évolutions ont été divergentes pendant ces 35 ans : les 1 % les plus riches possèdent 12 % en Europe occidentale, …mais +20 % en Amérique du nord alors que la part du revenu national des 50 % les plus pauvres y est passée de 20 % à seulement 13 %, soit -7 points (en France : baisse de 1point, de 23,5 à 22,5 % pour ces 50 %) et que celle des ménages moyens a aussi bien baissé. Ce qui montre l’importance des politiques pratiquées et des contextes institutionnels, ainsi que du niveau de croissance atteinte.
Au niveau global du monde, les inégalités ont augmenté dans les 25 dernières années, en raison de la part (27 %) captée par les 1 % les plus riches, même si, en même temps, le revenu de la moitié la plus pauvre a augmenté (12 %), grâce à l’essor des pays émergents.
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Des évolutions divergentes entre capital privé et capital public
Pendant ces 35 années, la valeur du patrimoine privé net a beaucoup augmenté, passant selon les pays de 200-350 % à 400-700 % du revenu national.
Au contraire, le patrimoine public net a diminué dans presque tous les pays, mais là aussi avec des intensités fort différentes. Il est maintenant négatif aux États-Unis et au Royaume-Uni, il se situe à 20 à 30 % du revenu national en Chine et en Russie, il n’est que légèrement positif au Japon, en Allemagne et en France. Cela affaiblit bien sûr les moyens d’action des États en termes de régulation, redistribution et de lutte contre les inégalités.
L’augmentation des inégalités des patrimoines privés
Alors qu’il y avait une baisse très forte des inégalités de patrimoine entre les individus, de la guerre de 1914 aux années 80, elles ont très fortement réaugmenté depuis, en particulier aux États-Unis, mais aussi en Russie et en Chine, moins fortement en France et peu au Royaume-Uni.
Au vu de cet état des lieux et du sens des évolutions, on constate la force des inégalités dans un monde où l’économie et la finance sont beaucoup moins régulées qu’il y a 35 ans. Les auteurs étudient plusieurs scénarios, selon que l’on laisse se poursuivre les tendances actuelles, ce qui augmentera encore les inégalités, ou que les pays suivront le modèle européen de trajectoire d’« inégalité relativement modérée » qui permettrait de diminuer les inégalités et la pauvreté. Cet avenir se jouera suivant les politiques fiscales, éducatives, salariales et de gouvernance des entreprises qui seront mises en place. L’avenir n’est pas une fatalité.
Source
- Rapport sur les inégalités mondiales 2018 - World Inequality Lab (voir Notes[1] en fin de page) :
http://wir2018.wid.world/files/download/wir2018-summary-french.pdf