mercredi 29 mars 2017
L’INSEE réalise tous les cinq ans environ des projections démographiques pour la France. Il vient de publier fin octobre 2016 de nouvelles projections à l’horizon 2070. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) s’appuie sur ces études pour réaliser les projections financières du système de retraite sur le long terme. Si l’espérance de vie continue de progresser, qu’en est-il de l’espérance de vie sans incapacité, et plus particulièrement à la retraite ? Quels sont les liens entre la santé et la retraite ? Comment les conditions de carrière professionnelle influent-elles sur l’état de santé des retraités ? C’est à toutes ces questions que les nombreuses études du COR essayent de répondre en s’appuyant sur les projections de l’INSEE.
Fécondité, espérance de vie et migrations sont les trois composantes des variations du nombre d’habitants d’une année à l’autre.
Si les tendances démographiques récentes se poursuivaient, la France compterait 76,5 millions d’habitants au 1er janvier 2070. Par rapport à 2013, la population augmenterait donc de 10,7 millions d’habitants, essentiellement des personnes de 65 ans ou plus (+10,4 millions). En particulier, la population âgée de 75 ans ou plus serait deux fois plus nombreuse en 2070 qu’en 2013 (+7,8 millions). Plusieurs scénarios alternatifs au scénario médian sont envisagés. Ils correspondent à une modification des hypothèses d’évolution des nombres de naissances, de décès et de personnes entrant ou quittant le territoire français. Ils permettent de mesurer l’impact des hypothèses retenues sur l’évolution de la population.
Comment l’INSEE a-t-elle révisé ses hypothèses de fécondité, de migrations et de mortalité ?
Quelles conséquences de ces nouvelles hypothèses sur le rapport démographique ?
Le rapport démographique est défini entre le nombre de personnes âgées et le nombre d’adultes en âge de travailler. Le rapport démographique ne prend en compte que la pyramide des âges. Il ne doit pas être confondu avec le rapport entre le nombre de retraités et le nombre de cotisants, qui tient compte non seulement de la démographie mais aussi des comportements d’activité et de départ à la retraite. Ainsi le rapport démographique peut être calculé comme le rapport entre le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus et le nombre de personnes âgées de 20 à 59 ans, ou bien comme le rapport entre le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus et le nombre de personnes âgées de 20 à 64 ans, selon que l’on se réfère à un âge de la retraite proche de 60 ans, paramètre du COR, ou de 65 ans plutôt dans les travaux internationaux. Par rapport aux précédentes projections, ce rapport est révisé à la hausse après 2040 (+6 % en 2060) : l’espérance de vie plus élevée conduirait à davantage de personnes âgées et le solde migratoire moins élevé conduirait à moins de personnes en âge de travailler.
Quelles conséquences de ces nouvelles hypothèses sur l’espérance de vie et la durée de retraite des générations successives ?
L’espérance de vie augmente toujours au fil des générations. Cependant, l’INSEE constate que les taux de mortalité observés à chaque âge n’ont que faiblement baissé pour les générations nées entre 1941 et 1956, notamment chez les femmes, et projette que cette pause dans la baisse de la mortalité se poursuivra pour ces générations. Ainsi l’espérance de vie, et donc la durée de retraite, des générations nées vers 1955 est révisée à la baisse ; c’est l’inverse pour les générations nées vers 1940 ou après 1965.
Comme dans les projections précédentes, la hausse projetée de l’espérance de vie entre les générations 1950 et 1990 apparaît très sensible à l’hypothèse de mortalité retenue : entre +3,4 ans et +7,5 ans de gains d’espérance de vie à 60 ans selon que l’on considère l’hypothèse basse ou haute. Il en serait de même pour la durée de retraite projetée.
Comment évaluer le taux d’incapacité aux différents âges ?
Une analyse multi-sources indique qu’il y aurait plutôt eu en France une « expansion des incapacités » au cours des années 2000, c’est-à-dire une hausse de l’espérance de vie avec incapacité plus rapide que celle de l’espérance de vie sans incapacité.
Quelles conséquences pour la durée de retraite avec ou sans incapacité ?
Si l’on fait l’hypothèse que les taux d’incapacité à chaque âge demeureront constants dans le futur, ce qui s’apparente plutôt à un scénario pessimiste d’expansion des incapacités, la durée de retraite sans incapacité serait assez stable entre les générations 1950 et 1990. La génération née en 1960 peut espérer, à 50 ans, vivre en moyenne 19 années à la retraite sans incapacité sévère, c’est-à-dire sans restriction dans les activités de la vie quotidienne. Du fait de l’augmentation de la durée de vie et du progrès médical, et malgré des départs en retraite de plus en plus tardifs jusqu’à la génération née en 1975, cet indicateur de la qualité de vie à la retraite se stabiliserait, voire s’améliorerait à partir de la génération née en 1975. La durée de retraite avec incapacité augmenterait légèrement au fil des générations. Ces résultats sont toutefois sensibles aux hypothèses retenues pour l’évolution de la mortalité et des incapacités.
Quel impact des conditions de travail passées sur l’état de santé à la retraite ?
Les personnes qui déclarent avoir été exposées à des conditions de travail pénibles durant leur carrière sont plus nombreuses à se déclarer en mauvaise santé lors de la retraite, avec un lien établi entre contraintes physiques et santé physique d’une part, et risques psychosociaux et santé mentale d’autre part
Références
http://www.cor-retraites.fr/article480.html