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Les clés du social : Quelles évolutions dans l'engagement syndical ?

Quelles évolutions dans l’engagement syndical ?

Publié le 13 mai 2017 / Temps de lecture estimé : 4 mn

Une étude de la DARES de mars 2017 fait le point de l’engagement des adhérents des syndicats. Si les résultats sont sans grandes surprises, ce travail a le mérite de montrer à quel point l’engagement syndical est le reflet de notre société d’aujourd’hui, marquée par une plus grande précarité de l’emploi, des jeunes notamment, par l’évolution des entreprises et du salariat et de la place faite au dialogue social et aux syndicats dans les entreprises.

Une minorité de syndiqués participent à la vie de leur syndicat

Si 43 % des salariés connaissent la présence de syndicats sur leur lieu de travail, une minorité sont adhérents et la moitié de ceux-ci se considèrent comme de simples adhérents ne participant que très rarement aux activités de leur syndicat. Par contre, un petit tiers d’entre eux se déclarent impliqués de façon régulière.

Ces derniers, que l’on pourrait appeler les militants, sont plus des hommes, de plus de 50 ans, plutôt ouvriers, plutôt moins diplômés que la moyenne des syndiqués.

Si, dans le secteur marchand, il y a moins de syndiqués, ceux-ci sont plus impliqués et pour plus d’un tiers ont un mandat électif. Ceci est principalement dû au fait que dans le privé où la peur de représailles patronales est encore très forte, se syndiquer traduit souvent un engagement militant plus fort. Et du fait de la présence d’IRP de proximité avec de nombreux postes à pourvoir, les sollicitations pour participer à la vie syndicale sont plus fréquentes.

Les syndiqués plus impliqués pour les élections professionnelles et les mobilisations

Bien évidemment, on trouve essentiellement les syndiqués là où il y a une présence syndicale et des représentants du personnel. 79 % de ceux-ci participent aux élections professionnelles, alors que 40 % des salariés déclarent avoir participé à une élection dans les 12 mois qui ont précédé l’enquête. Cette différence vient de la faible présence syndicale dans les entreprises de 11 à 50 salariés et l’absence d’IRP dans les TPE. Par contre, la participation aux élections, quand elles ont lieu dans l’entreprise, est de 62 % pour les plus de 50 salariés.
Les syndiqués sont aussi plus présents que la moyenne des salariés dans les mobilisations syndicales (grèves, débrayages). Ces mobilisations interviennent dans les établissements de plus de 50 salariés et dans la fonction publique. En cas d’arrêt de travail, les syndiqués sont deux fois plus nombreux que les salariés à y participer (62 % contre 31 %).

Les syndiqués sont aussi plus impliqués dans la vie associative et citoyenne

Si les salariés n’adhèrent pas plus à des associations que l’ensemble de la population, ce n’est pas le cas des syndiqués qui sont plus nombreux à avoir des engagements collectifs et citoyens. Ils sont deux fois plus nombreux à adhérer à des associations de défense de droit ou d’intérêts communs. Ils sont aussi plus nombreux à voter aux élections politiques. Ainsi 83 % des syndiqués ont participé aux élections législatives de 2012 contre 71 % des salariés.

Moins d’engagement militant qu’il y a 30 ans

Si la participation aux activités syndicales est restée stable dans les années 80 et une bonne partie des années 90, elle a connu un sursaut entre 1998 et 2001, à la faveur des négociations sur la réduction du temps de travail qui ont impliqué beaucoup de monde dans les entreprises. Mais, depuis la fin des années 2000, cette participation s’est effondrée : moins de syndiqués, moins d’engagement syndical, moins de militants… La syndicalisation s’est en fait resserrée vers les plus actifs et souvent ceux qui étaient déjà très impliqués précédemment.

En effet, l’adhésion est devenue de plus en plus tardive. Début des années 80, on trouve le plus de syndiqués chez les trentenaires, aujourd’hui ce sont les quinquas ! L’âge moyen des syndiqués est passé de 39 ans en 1983 à 45 ans en 2013. La part des plus de 50 ans a augmenté de 17 points en vingt ans avec 39 %, contre 7 points d’augmentation pour l’ensemble des salariés.

Les évolutions économiques et sociales sont passées par là : plus de précarité, plus de petites entreprises dans des secteurs à moindre tradition ouvrière, etc. Il est ainsi plus difficile de s’insérer dans des projets collectifs de travail, rendant moins facile l’adhésion syndicale.

Dans le même temps, les militants doivent faire face à des responsabilités plus importantes et une technicité croissante dans l’exercice de leur mandat. Les négociations dans les entreprises sont aussi plus nombreuses et intensives. Il y a aussi plus d’implantations syndicales avec moins de troupes pour y faire face. Tout cela peut expliquer une certaine institutionnalisation du syndicalisme qui, faute de temps, éloigne plus qu’auparavant les militants du contact quotidien et nécessaire avec les salariés.
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Moins impliqués sur le plan syndical, les adhérents le sont aussi sur le plan associatif et citoyen. Par exemple, ils ne sont aujourd’hui plus que 12 % membres d’associations de défense de droits et d’intérêts collectifs contre 34 % dans le début des années 80.

Les syndicats et leurs adhérents restent tout de même des acteurs importants

Les syndicats sont en termes d’effectifs bien plus importants que les partis politiques, les associations de défense de l’environnement, les associations de consommateurs ou encore de parents d’élèves ou de locataires. D’autre part, les responsabilités que confère aux syndicats le développement du champ de la négociation d’entreprise devraient renforcer encore leur place et leur rôle irremplaçable dans la démocratie et peut-être susciter un regain d’adhésion si les organisations syndicales se saisissent de l’enjeu de la proximité avec les salariés.

À ce titre, il aurait été intéressant de connaître les différences entre les organisations syndicales en terme d’évolution des effectifs syndiqués (toutes n’ont pas perdu des adhérents comme le laisse entendre la globalisation des chiffres), de l’engagement syndical, de la place du « simple adhérent » dans les décisions du syndicat, de la mixité et de l’âge des adhérents et militants.


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