mercredi 22 mai 2019
À l’occasion des élections européennes, l’Institut national de la statistique et des études économiques publie Insee Références « La France dans l’Union européenne ». Cet ouvrage apporte des éléments de comparaison entre la France et ses partenaires européens et propose cinq dossiers. L’un d’entre eux évoque la pauvreté en Europe à travers deux figures différentes de la pauvreté, la pauvreté monétaire et la privation matérielle et sociale. Les personnes identifiées par ces deux approches de la pauvreté ne sont pas les mêmes et cela a un impact sur les comparaisons européennes et bien évidemment sur les réponses à mettre en œuvre.
Questions de définition
La pauvreté monétaire et la privation matérielle et sociale sont deux approches différentes de la pauvreté.
Questions de chiffres
En 2016, 12,7 % de la population française et 15,7 % de la population de l’UE sont en situation de privation matérielle et sociale, soit plus de 78 millions de personnes. La pauvreté monétaire, elle, touche 13,6 % des Français et 17,3 % des Européens. La France a un des plus faibles taux de pauvreté monétaire de l’UE et un taux de privation matérielle et sociale médian.
Les deux taux sont corrélés, mais certains pays présentent des taux de pauvreté proches selon une définition et très éloignés selon l’autre. Le taux de privation matérielle et sociale varie de manière très importante selon les pays allant de moins de 3 % en Suède à quasiment 50 % en Roumanie. Les pays qui comportent la plus faible part de personnes atteintes par l’une ou l’autre des pauvretés sont la République tchèque et la Finlande (moins de 15 %). À l’inverse, cette part de la population dépasse 50 % en Roumanie et en Bulgarie, pour la majeure partie constituée de personnes en situation de privation matérielle et sociale.
Les deux régions de l’UE présentent de grandes disparités : le taux de privation matérielle et sociale de l’Europe du Nord et de l’Ouest est inférieur de moitié à celui de l’Europe du Sud et de l’Est (respectivement 10,7 % et 21,3 %). L’Europe du Sud et de l’Est rassemble ainsi près des deux tiers des Européens en situation de privation matérielle et sociale, alors qu’elle concentre moins de la moitié de la population de l’UE.
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Qui sont-ils ?
Les populations exposées à l’un ou l’autre type de pauvreté sont relativement similaires du point de vue du statut d’activité, de la profession et de la configuration familiale. Mais, les indépendants, les agriculteurs et les jeunes sont toutefois beaucoup plus touchés par la pauvreté monétaire que par la privation matérielle et sociale.
En moyenne dans l’UE et pour les deux types de pauvreté, les actifs occupés sont un peu moins touchés que les retraités, et environ quatre fois moins que les chômeurs. Du point de vue de la profession, les taux de pauvreté des cadres et des professions intermédiaires sont proches, et bien plus faibles que ceux des ouvriers. Les types de famille les plus touchées sont les familles monoparentales, dont les taux de pauvreté sont trois fois supérieurs à ceux des couples sans enfants (respectivement 34,0 % et 11,7 % pour la pauvreté monétaire, et 32,0 % et 10,5 % pour la privation matérielle et sociale).
Focus sur la France
La France, avec un taux de privation matérielle et sociale de 12,7 %, occupe une position médiane au sein de l’UE. Dans l’Europe du Nord et de l’Ouest, son taux est le quatrième plus élevé, supérieur à celui de l’Allemagne et plus proche de celui de la Belgique ou du Royaume-Uni. En France, en 2016, 43 % des personnes en situation de privation matérielle et sociale sont également en situation de pauvreté monétaire, ce qui représente 5,5 % de la population totale.
Une particularité française : la situation des retraités. Alors que leur taux de pauvreté monétaire est le plus bas des pays d’Europe du Nord et de l’Ouest (7,0 %), leur taux de privation matérielle et sociale est le plus élevé de ce groupe de pays (9,9 %).
Nous voyons à travers cet exemple que parfois l’indicateur de privation matérielle et sociale explique mieux que la pauvreté monétaire l’insatisfaction dans la vie de certains Européens. Un enjeu social essentiel dans l’élection européenne. |
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