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Les clés du social : Des territoires plus favorables aux débuts de carrière

Des territoires plus favorables aux débuts de carrière

Publié le 18 décembre 2021 / Temps de lecture estimé : 5 mn

La France est un pays en mouvement avec, comme conséquence, la transformation des territoires du fait de la démographie, des évolutions des secteurs d’activité et de l’attractivité des métropoles. Ainsi, certaines zones présentent des particularités qui favorisent les débuts de carrière, notamment sur le plan de la rémunération.

Le CEREQ, dans son enquête sur les territoires, questionne les interactions entre espace de résidence et débuts de carrière, avec une partition des territoires en zones d’emploi, là où les actifs résident et travaillent, telles que délimitées par l’INSEE, ce qui permet de mettre en évidence les conditions d’emploi, les structures économiques, les caractéristiques géographiques, propres à chaque zone.

Constats de la géographie de l’insertion : des phénomènes comme la désindustrialisation, les reconversions, les spécialisations ou la littoralisation des activités ont engendré des fractures territoriales :

  • Perdurent-elles dans le temps ?
  • Le territoire, au-delà des principales disparités constatées en fonction du diplôme, du sexe, de la catégorie sociale des parents, d’un emploi en CDI ou CDD, imprime-t-il sa marque sur les débuts de carrière et les évaluations de rémunération ?

À partir de l’observation de la Génération 2 010 sur sept années de parcours d’insertion, quelle est l’importance du territoire sur les évolutions salariales ? Les 3 premières années de la vie active correspondent à une période d’insertion professionnelle et de stabilisation dans l’emploi, d’une décohabitation parentale, d’une éventuelle arrivée d’enfants. Aussi seules les mobilités au-delà des 3 premières années sont prises en compte.

Parmi les jeunes occupant un emploi dans le secteur privé sept ans après leur sortie du système scolaire, un peu plus d’un sur cinq a changé d’emploi entre 2013 et 2017. En 2013 leurs conditions initiales de travail (salaires et contrats) sont moins intéressantes.

  • L’introduction du territoire comme dimension d’analyse permet d’interroger les interactions qui se jouent entre espace de résidence et débuts de carrière, et de pointer les zones d’emploi plus ou moins favorables.
  • Les individus qui composent la population mobile ont, en moyenne, un niveau de formation plus élevé. Ainsi les plus formés, plus enclins à la mobilité, augmentent leurs chances d’accès à des emplois offrant de meilleures conditions de travail qui compensent les coûts (économiques et psychologiques) en les associant à la mobilité.

Déménager vers des métropoles-technopoles ou des zones touristiques stimule la progression salariale des jeunes. Quels que soient les diplômes et la mobilité, les rémunérations des jeunes actifs sont favorisées dans des zones d’emploi qui se démarquent par le dynamisme de leur démographie et de leur marché de travail. Ces zones abritent des systèmes productivo-résidentiels créateurs d’emplois spécialisés, qui induisent plus de production de richesses, et donc de revenus, pour les actifs qui y travaillent.

  • Des zones métropolitaines comme Cergy sont favorables à toutes les catégories de jeunes, notamment les sédentaires sortant de l’enseignement supérieur.
  • Celle d’Annecy est plus favorable aux jeunes mobiles diplômés de l’enseignement secondaire et aux jeunes sédentaires quel que soit leur niveau de diplôme. Cette situation s’explique par le fait que cette zone est spécialisée à la fois dans les emplois productifs et présentiels.
  • Des clusters industriels à fort taux d’emploi productif comme Ancenis, Cholet ou Les Herbiers sont favorables aux jeunes sédentaires diplômés de l’enseignement secondaire et aux jeunes mobiles de tous niveaux.
  • Des métropoles-technopoles, spécialisées dans la recherche et des industries de haute technologie, comme Toulouse, sont favorables à tous les jeunes mobiles, quel que soit leur niveau de diplôme.

Pour les jeunes mobiles, deux caractéristiques de la zone d’emploi ont des effets sur les niveaux de salaire : le taux de chômage et le revenu médian. Les moins diplômés ont des salaires plus faibles lorsqu’ils arrivent dans des zones d’emploi où le chômage est plus important que la moyenne nationale. À l’inverse de lorsqu’ils étaient avant 2013 dans une zone d’emploi avec un important taux de chômage, leurs salaires vont progresser d’autant plus qu’ils arriveront dans une zone avec un fort niveau d’emploi. En ce qui concerne les salaires des diplômés du supérieur, le fait d’arriver dans une zone d’emploi où le revenu médian est supérieur à l’ensemble du territoire métropolitain leur est profitable. Les plus diplômés ont plus de chances d’améliorer leur niveau de salaire lorsqu’ils quittent des zones d’emploi au revenu médian modeste pour des zones où la rémunération médiane est plus élevée.

  • L’arrivée dans certains territoires est bénéfique pour les salaires des sortants du secondaire comme dans la vallée de l’Arve où l’économie productive est fortement spécialisée dans le décolletage, ou à Briançon ou Ajaccio, où l’économie présentielle a une forte dimension touristique, ou encore à Aix, Marseille, Strasbourg, Lille ou Paris, zones à forte dimension technopolitaine.
  • Certaines zones présentent un profil touristique et viticole (Mâcon, Colmar ou Epernay) et offrent ainsi des opportunités salariales à des jeunes peu diplômés grâce aux emplois des industries agro-alimentaires, du négoce-commerce des vins, de la logistique, du transport, de l’œnotourisme et de l’immobilier.

Des progressions salariales favorables pour les jeunes sédentaires dans les zones frontalières et les clusters industriels. Quel que soit leur niveau de diplôme, les jeunes sédentaires actifs bénéficient de rémunérations favorables dans les zones d’emploi où les revenus médians sont supérieurs à la moyenne nationale (Paris). Les zones où l’indice de jeunesse est supérieur à la moyenne nationale constitue aussi un avantage pour la progression salariale des sédentaires les moins diplômés. De même, travailler dans une zone où la part des emplois dans le BTP est supérieur à la moyenne nationale constitue un avantage pour ces derniers.

  • Pour les jeunes sédentaires sortis de l’enseignement secondaire, un avantage salarial est lié à la spécialisation de l’emploi industriel de ces zones dans les secteurs dynamiques et innovants.
  • C’est aussi le cas des villes frontalières avec transports (Pontarlier, Morteau, Le Chablais, Annecy…)
  • C’est le cas de zones industrielles et résidentielles pour des jeunes qui travaillent sur place et dans les métropoles voisines où les salaires sont élevés (Rouen, Beauvais, Vernon-Gisors, Mantes-La-Jolie…)

Résider dans une zone où le revenu médian est plus élevé que la moyenne est d’autant plus favorable pour les diplômés du supérieur que les emplois s’y répartissent avec une part supérieure à la moyenne nationale des activités tertiaires mais aussi des emplois dans l’industrie. Le profil économique diversifié des zones métropolitaines de Cergy, Melun, Lyon explique leur caractère avantageux.

  • Cergy et Melun sont des zones à économie plus présentielle parce qu’elles constituent des satellites parisiens.
  • La métropole lyonnaise se caractérise par une économie à la fois productive, technopolitaine et présentielle.
  • Le territoire, la famille et les conditions d’emploi des jeunes actifs sédentaires bénéficient en outre de ressources personnelles attachées au territoire. Pour ces derniers, avoir des parents cadres influence positivement leur évolution salariale, après 7 ans de carrière. Ce n’est pas le cas pour les jeunes ayant changé de zone d’emploi et qui se sont éloignés des ressources parentales.

L’importance donnée à la qualité de vie sur un territoire pourrait s’accentuer chez les jeunes actifs. Le Covid et le télétravail ont permis d’expérimenter de nouvelles formes d’organisation travail-lieu de résidence. De nouveaux effets concerneraient aussi des profils spécifiques comme les cadres parisiens (territoires à moins de 2 heures de train).


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