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Les clés du social : L'Insee constate une embellie économique, …mais

L’Insee constate une embellie économique, …mais

Publié le 10 août 2024 / Temps de lecture estimé : 3 mn

La note de conjoncture de juin de l’Insee, publiée en juillet pour ne pas interférer avec les élections législatives, est encourageante dans ses prévisions pour l’ensemble de l’année 2024, appuyées sur les résultats des premiers mois de l’année et ce qui est attendu au deuxième semestre. Alors que des versions plus pessimistes avaient cours jusque-là. Quels sont les éléments qui permettent ces affirmations de l’Insee ? Et jusqu’où

Une croissance attendue à 1,1 % pour 2024

Ce chiffre ne représente pas le Pérou, mais une croissance supérieure à celle qu’on craignait de connaitre, et identique à 2023 (1,1 %). Pour l’Insee, la croissance repart doucement depuis le début de l’année, poussée au premier trimestre par la hausse du commerce extérieur, des exportations (+3,5 % pour l’année), en particulier l’aéronautique et le naval, apportant 0,9 point de croissance sur l’année. Elle vient d’être annoncée avec un chiffre un peu plus haut que prévu (+0,3 %) pour le 2ème trimestre. Elle devrait s’accentuer au 3ème trimestre par l’effet JOP (+0,3 % PIB), grâce au tourisme, à l’hôtellerie-restauration, au transport et à la construction, avant de ralentir au dernier trimestre.

D’autres éléments entrent en jeu. D’abord le reflux de l’inflation, retombée à 2,1 % en juin 2024 et attendue à 1,9 % en décembre, loin des 4,5 % de 2023. S’y ajoute un redressement des salaires et l’augmentation des retraites en début d’année, permettant une légère augmentation des salaires réels et une hausse du pouvoir d’achat attendue à 0,9 % par unité de consommation, après 2 ans de recul. Ce qui fait prévoir une croissance de la consommation des ménages au 2ème semestre pour s’établir à 1,3 % pour l’année. Cependant, la hausse de la demande intérieure ne s’étendra pas aux investissements, ni des ménages (immobilier), ni des entreprises, qui seulement se stabiliseraient, en raison surtout du coût du crédit. Et les ménages restent prudents, conservant un taux d’épargne élevé, à 17 %.

Plusieurs limites

D’une part, les créations d’emploi vont continuer mais à un rythme inférieur aux années précédentes. Elles ont été de 122 000 au 1er semestre, en particulier dans le tertiaire marchand, mais ne seraient que de 63 000 au 2ème, soit 185 000 dans l’année dont 145 000 emplois salariés. Ce qui, avec l’arrivée de nombreuses personnes, jeunes surtout, sur le marché du travail, devrait faire augmenter le taux de chômage de 0,1 point dans l’année, à 7,6 % attendu en fin d’année, alors qu’il avait baissé jusqu’à 7,1 % (4ème trimestre 2022 et 1er trimestre 2023). Et cette augmentation touche à la fois les moins de 25 ans et les 25-49 ans ; il reste quasi stable pour les 50-64 ans alors que leur taux d’activité et d’emploi augmente rapidement, en lien avec la réforme des retraites.

D’autre part, jusqu’où cette embellie tiendra-t-elle ? Les inquiétudes viennent du nombre de défaillances d’entreprises, à 33 500 pour le 1er semestre, soit +18 % que la même période en 2023, ce qui menace 100 000 emplois. Elles sont dues aussi aux conséquences attendues des pertes de parts de marché depuis le covid par l’Union européenne, dont la France, dont ¼ seulement s’explique par les prix énergétiques. Le reste de ces pertes, qui risquent bien d’être pérennes, se situent au niveau des produits électroniques, des automobiles (voitures chinoises), de la pharmacie ; et pour la France s’ajoute de façon conjoncturelle les années de moindres livraisons d’avions depuis le covid.

Enfin, et surtout, même si on attend une hausse globale du pouvoir d’achat, et même si l’ampleur de la redistribution en France est une des plus développées, les inégalités et la pauvreté restent fortes : 10 % des Français ont un revenu inférieur à 1 000 euros par mois, dont de nombreux chômeurs, des travailleurs - et surtout travailleuses - à temps partiel et des personnes seules avec ou sans enfants. La croissance laisse trop de personnes hors du chemin.



Cette étude a été faite au mois de juin, soit avant la dissolution et la phase d’incertitude politique que nous vivons. Les mois prochains pourraient voir ces prévisions remises en question, selon ce que deviendra la politique de notre pays.


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