1. Accueil
  2. > Dialogue social
  3. > Négociation
  4. > Le succès des Jeux Olympiques est aussi social
Les clés du social : Le succès des Jeux Olympiques est aussi social

Le succès des Jeux Olympiques est aussi social

Publié le 31 août 2024 / Temps de lecture estimé : 4 mn

Nous avons célébré avec joie les JO de Paris qui reprennent depuis le 28 aout avec les Jeux Paralympiques, applaudi les athlètes, célébré la beauté de la ville. Désormais, l’heure est aussi venue de délivrer une médaille d’or de l’exemplarité sur le plan social aux travaux d’infrastructures et à l’organisation de ces Jeux grâce en particulier à la charte sociale des JO signée par toutes les organisations syndicales et patronales en 2018. Plein feu sur la démarche et les premiers résultats.

Une charte sociale

Il y a six ans, patronat et syndicats ont signé en juin 2018 une charte sociale sur le déroulement des travaux d’infrastructures et l’organisation des Jeux. Un comité de suivi avec un représentant de chaque organisation et de l’inspection du travail a élaboré un cahier des charges ambitieux et s’est investi dans le déroulement de la préparation et de la tenue des JO. Dans une interview au journal Les Échos, Bernard Thibault, ex-secrétaire général de la CGT et qui copréside le comité de suivi de cette charte se félicite que « grâce à la charte, les JO de Paris auront été pour l’essentiel exemplaires sur le plan social ».

Au total, dans ce chantier gigantesque des JO, le secteur de la construction a mobilisé 30 000 travailleurs, celui du tourisme 61 800, et l’organisation de l’évènement en lui-même a concerné 90 000 personnes (sécurité, restauration, nettoyage…). Certains, bien sûr, poursuivent leur travail pour les Jeux Paralympiques.

Les 16 engagements de la Charte et les réussites notoires

De manière générale, les entreprises ayant obtenu des marchés publics ont intégré dans leurs cahiers des charges des critères sociaux et se sont engagées à mettre au cœur de leurs pratiques l’emploi de qualité, les conditions de travail et la lutte contre le travail illégal.

  • Favoriser l’insertion par l’activité économique dans les ouvrages olympiques. Alors que la Charte prévoyait de réserver 10 % des heures de travail (2,4 millions au total) à des publics éloignés de l’emploi, au total le chiffre dépasse les 3 millions.
  • Améliorer la sécurité et les conditions de travail. L’accidentologie a été divisée par quatre sur les chantiers olympiques. Luc Martinet, représentant de la CFDT dans le comité de suivi, indique : « Nous avons pu suivre l’avancement des travaux, organiser une présence syndicale et échanger avec les différentes entreprises en cas de nécessité ou de dysfonctionnement ». Le résultat, plus de 30 000 ouvriers ont travaillé depuis 2018 sur 70 chantiers d’infrastructures. Il y a eu 182 accidents dont 30 graves, mais aucun mortel. Le taux d’accidents du travail a été globalement quatre fois plus faible que la moyenne nationale.
  • Favoriser l’accès des marchés aux TPE et PME et aux structures de l’économie sociale et solidaire. 782 millions d’euros de marchés (soit 35 % du total) ont été engagés auprès de 2 576 TPE-PME et 115 structures de l’économie sociale et solidaire (l’objectif initialement fixé était égal à 25 %).

Quelques couacs

La CGT et la CFDT mettent en avant des problèmes de dialogue social dans certaines entreprises impliquées dans l’organisation des JO, et en particulier pour l’organisation du temps de travail et les compensations financières, ce qui fut le cas pour les danseurs de la cérémonie d’ouverture. Mais globalement, les quelques rares conflits ont été réglés avant les compétitions.

L’héritage des Jeux de Paris

Pour Bernard Thibault dans Les Échos :

« Notre expérience d’intégration, dès le départ, de la prévention des accidents du travail dans l’organisation même des chantiers d’infrastructure doit faire école. En France, mais aussi à l’international. L’idéal serait que le Comité international olympique intègre dans ses critères les objectifs sociaux sur la préparation et le déroulement des Jeux que se donnent les pays candidats, mais il reste encore très timide sur ce point ».

Luc Martinet le rejoint,

« Il y aura un avant et un après Paris 2024. On ne pourra plus envisager d’organiser ce type d’évènement sans prendre en compte la dimension sociale et sans que les syndicats y soient associés ; en France, bien sûr, et, autant que possible, dans le reste du monde. Les questions sociales et les conditions de travail ne sont pas de simples suppléments d’âme. Elles répondent aux préoccupations des populations qui sont de plus en plus attentives aux conditions dans lesquelles se déroulent ces évènements ».

Pour la CFDT, les regards sont d’ores et déjà tournés vers les Jeux olympiques d’hiver de 2030, qui se dérouleront dans les Alpes françaises.

Il faut aussi rendre hommage aux autres salariés impliqués dans les Jeux Olympiques mais qui n’étaient pas concernés par la charte sociale. Les milliers de fonctionnaires et en premier lieu les forces de l’ordre, les salariés des transports et de l’hôtellerie restauration, les commerçants… ont aussi grandement participé au succès de cet évènement planétaire.

Enfin en guise de conclusion nous reprenons les paroles de l’historien Jean Garrigues dans le Monde,

« On se prend à rêver que l’esprit olympique puisse insuffler à nos acteurs publics la dynamique d’une renaissance collective comparable à celle de l’après-guerre… Si l’on se réfère à ce qui a fait le succès de ces jours heureux de l’olympisme, et, espérons-le, du paralympisme qui viennent de débuter, le bonheur de gagner et de se réjouir ensemble devrait l’emporter sur toute autre considération. À la recherche de l’unité, la démocratie est toujours gagnante ».


La charte sociale des Jeux

Autres sources