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Les clés du social : Les OPCA au-delà de la collecte

Les OPCA au-delà de la collecte

Publié le 30 mai 2018 / Temps de lecture estimé : 3 mn

Non, les OPCA (organismes paritaires collecteurs), un des piliers du système de formation professionnelle, ne sont pas que des banquiers. Les missions des OPCA, créés en 1993, ne sont plus limitées à la collecte et à la gestion des fonds de la formation continue dispensée par les entreprises. Le CEREQ [1] montre dans une enquête récente et particulièrement documentée que, depuis 2014, une profonde mutation de leur offre de services est à l’œuvre. La proposition du projet de loi « Avenir professionnel » prolonge cette évolution importante en les projetant comme « opérateurs de compétences ». Alors que cette réforme de la formation professionnelle continue se prépare, qu’est devenue aujourd’hui l’activité des OPCA ?

Une enquête du CEREQ diligentée par le ministère du Travail

Anne Moysan-Louazel, Gérard Podevin, Nathalie Quintero et Carole Tuchszirer rendent compte, au travers du Bref n°362 du Céreq de mars 2018, des grandes évolutions des missions des OPCA. L’étude s’organise autour de quatre OPCA : un OPCA interbranche et interprofessionnel : Agefos PME ; et trois OPCA de branche : UNIFAF, Opca Transports services et Constructys. Les investigations sont menées dans trois régions Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Île-de-France et Bretagne. Par ailleurs, une vingtaine d’entreprises (PME-TPE) ont été interrogées en région sur les modes de relations qu’elles entretiennent avec leur OPCA, et sur leur accompagnement dans la construction de leur politique de formation.

Un métier en transformation

Le métier des OPCA, chargés du financement de la formation professionnelle, s’est considérablement transformé depuis la réforme de 2014. Leur rôle initial de collecteur a été largement redéfini par la disparition des contributions obligatoires des entreprises. Aussi, depuis cette date, les OPCA doivent compenser la disparition d’une partie des contributions obligatoires des entreprises. La recherche de compléments de financements est devenue un enjeu économique de premier ordre. Ils proviennent, d’une part, des versements volontaires d’entreprises et d’autre part, de cofinancements adossés à des dispositifs et des programmes de politiques publiques. Cela implique de nouvelles stratégies de leur part autour de l’équilibre organisationnel des organismes et du renouvellement en profondeur de l’offre de services. Ces changements ont entrainé le développement d’une nouvelle activité de conseil et d’ingénierie ajustée aux attentes des entreprises.

Un changement fondamental des relations entre entreprises et collecteurs

Parmi ces nouvelles missions, c’est bien l’accompagnement qui a connu le plus grand bouleversement par la mise en place d’une véritable offre de services complète et hiérarchisée. Pour construire leurs interventions auprès des entreprises, les OPCA étudiés ont transformé leurs organisations fonctionnelles et réorienté les contenus de leur offre, afin de garantir à l’adhérent un appui individualisé. Les prestations se sont diversifiées en fonction des niveaux de versements libres consentis par les entreprises, tandis que celles-ci, en contrepartie, sont devenues plus exigeantes sur ces prestations.

Une offre de plus en plus individualisée en fonction des entreprises et des territoires

Au-delà des politiques définies par les branches, cette nouvelle offre de services semble de plus en plus répondre à des besoins et des initiatives propres à certaines entreprises et à certains territoires et en particulier en répondant aux logiques de territoire et à leurs différents acteurs.

De moins en moins banquiers, de plus en plus conseillers RH

L’offre de services des OPCA interrogés se déploie autour de quatre dimensions : l’information, la communication et la promotion de la formation ; l’analyse des besoins et les diagnostics RH d’entreprise (qui donne lieu dans un second temps au recours à des consultants extérieurs référencés et choisis par l’OPCA) ; les études et la prospective des métiers à travers les observatoires gérés par les OPCA : la mise en œuvre des dispositifs de formation de droit commun, leur combinaison et leur agencement, et celle de dispositifs de GPEC et de GPEC-territoriale. Depuis 2014, les OPCA sont chargés du référencement des organismes de formation. Par ailleurs les OPCA développent une expertise dans l’ingénierie des multi-financements : fonds européens, fonds de l’État, du FPSPP [2], de Pôle emploi…

Mais, une ombre au tableau : les OPCA et des TPE peinent encore à se rencontrer

Ce n’est pas un problème financier car les fonds du FPSPP financent les TPE même si elles sont exonérées de tout versement au FPSPP. En fait, le faible accès des TPE à la formation s’explique par leur méconnaissance des services dont elles pourraient bénéficier. Les petites entreprises expriment le besoin d’intermédiaires de proximité et de relations de proximité à travers des visites. Pour les TPE, une question est cruciale, celle du choix des organismes de formation. La création de la base de données « datadock », gérée par les OPCA et visant à certifier la qualité des organismes de formation, pourrait ainsi lever un des freins des TPE vis-à-vis de la formation.

En conclusion, l’évolution des OPCA semble témoigner d’une nouvelle manière de penser l’intermédiation et la complexité. Leur transformation profonde est déjà bien engagée. Ils sont devenus ces dernières années des opérateurs de compétences, ce qui pourrait constituer un point d’appui solide à la réforme annoncée.

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Référence :


[1CEREQ : centre d’études et de recherches sur les qualifications

[2FPSPP : fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels