mercredi 15 décembre 2021
Julien Damon et Christel Heydemann viennent de rendre un rapport, commandé par le gouvernement, pour renforcer le modèle français de conciliation entre la vie des enfants, la vie des parents et la vie des entreprises. Six mois pour dresser un état des lieux en associant les entreprises et leurs acteurs et présenter 45 recommandations dont l’harmonisation des congés familiaux, le positionnement de la politique familiale dans le dialogue social en entreprise ou enfin la mise en place d’un service public de la petite enfance.
Un rapport pour enrichir la Conférence des familles
Le rapport rédigé par Christel Heydemann, présidente de Schneider Electric France et Julien Damon, conseiller scientifique de l’École nationale supérieure de la sécurité sociale, entre dans le cadre de la Conférence des familles. Il a été remis le 6 octobre 2021 à Élisabeth Borne, ministre du Travail, et Adrien Taquet, secrétaire d’État en charge de l’enfance et des familles.
Si les auteurs estiment que les politiques françaises de conciliation ne sont pas à rejeter, des insuffisances et alertes apparaissent : la baisse du nombre de naissances, le maintien d’un haut niveau de pauvreté infantile, une offre encore insuffisante des modes d’accueil, notamment dans certains territoires et pour certains publics, des inégalités de financement qui perdurent. De plus, les dispositifs ne sont pas toujours connus des employeurs et des salariés.
Enfin, nous vivons depuis 20 mois dans un contexte de pandémie et le recours massif au télétravail a exacerbé la question de la conciliation de la vie personnelle et professionnelle et donc de la garde des enfants.
Un des thèmes de la qualité de vie au travail
Le constat est simple, c’est souvent la galère pour les familles de trouver le mode de garde adapté pour leurs enfants. Le rapport met en évidence qu’une famille sur quatre n’a « pas accès au mode de garde désiré » et que la plupart « continuent à jongler entre diverses solutions ». La grande majorité des jeunes parents estiment manquer de temps pour s’occuper de leurs enfants et ce problème est encore plus important pour les familles monoparentales.
Aussi, les auteurs expriment que « mieux concilier responsabilités familiales et carrières professionnelles compte désormais parmi les dimensions importantes de la qualité de vie au travail ». Il y a une forte demande des jeunes générations. Julien Damon et Christel Heydemann en appellent donc aux employeurs et aussi aux syndicats pour que ce sujet soit traité dans les entreprises, en particulier par le biais du dialogue social. La politique familiale était pendant longtemps l’apanage des pouvoirs publics et ceci a beaucoup éloigné ce thème de la table des négociations, même si les entreprises la financent toujours au principal.
Aujourd’hui, la conciliation impacte la qualité de vie au travail et en conséquence la performance des organisations. Pour les auteurs, « les employeurs, qu’ils soient privés ou publics, ont intérêt à réinvestir le sujet familial. Il ne saurait se réduire, pour les entreprises, à une unique préoccupation de coût du travail ».
Les grands axes du rapport
Progresser par l’exemplarité
Repositionner la politique familiale dans le dialogue social en impliquant et appuyant davantage les entreprises et les partenaires sociaux
Renforcer et réorganiser l’offre de service et réviser sa gouvernance
Unifier les congés familiaux
En conclusion, les auteurs proposent que le CESE (Conseil économique, social et environnemental) se saisisse de l’approfondissement des pistes évoquées dans le rapport car la réforme souhaitée ne se résumera pas à une unique loi de financement de la sécurité sociale. Elle repose davantage sur une évolution de long terme, s’appuyant entre autres sur une réappropriation du sujet conciliation, et, plus largement, du sujet famille, par les partenaires sociaux.
Source
[1] Déjà paru dans Clés du social :
https://www.clesdusocial.com/le-conge-de-paternite-est-allonge-a-partir-du-1er-juillet-egalite-femmes-hommes