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Les clés du social : Intelligence artificielle, acceptabilité et intérêt général

Intelligence artificielle, acceptabilité et intérêt général

Publié le 29 mars 2025 / Temps de lecture estimé : 3 mn

C’est la question que s’est posée le Conseil économique, social et environnemental (CESE) au moment où l’intelligence artificielle s’impose à grands pas dans les entreprises. L’IA se développe, avec déjà une concurrence rude entre les USA et la Chine, et des questions qui jusque-là ont été essentiellement posées sur les enjeux économiques, avec peu de préoccupations sur les autres enjeux de l’IA. Or ils sont fondamentaux, ce que confirme le CESE, afin que le développement de l’IA soit au service de l’intérêt général.

L’IA aujourd’hui et ses impacts sur la société

Selon le CESE, elle est pratiquée par 70 % des 18-24 ans, 47 % des 25-34 ans et seulement 22 % des 35 ans et plus. Donc un enjeu de génération.

D’autre part, pour le FMI, 62 % des emplois des économies avancées auraient une exposition élevée à l’IA : pour 27 % l’IA serait complémentaire et bénéfique et pour 33 % elle présenterait un risque de substitution aux emplois actuels. Mais ces derniers chiffres sont très discutés !
Également, l’IA est très consommatrice de ressources : une question posée à ChatGPT utilise jusqu’à 10 fois plus d’énergie qu’une recherche par Google.

Les enjeux

On perçoit déjà les grands enjeux de l’IA.
Il y a un risque d’atteinte aux droits fondamentaux et aux libertés notamment par les biais (genre, âge, handicap…) que contiennent les algorithmes, et les questions de protection des données. D’autre part la question de l’empreinte environnementale est trop peu intégrée alors qu’il faut se diriger vers une « IA frugale » compatible avec les limites planétaires. Le CESE insiste aussi sur les questions d’autonomie stratégique de l’UE, qui nécessite des ressources propres et une stratégie européenne pour l’économie et les échanges commerciaux.

Sur tous ces enjeux le CESE préconise des mesures précises telles, par exemple, la demande de transparence des algorithmes sur la collecte des données et sur les modes de prise de décision, la préférence communautaire et une intégration des critères sociaux et environnementaux dans les commandes publiques, etc. Le rôle de l’État est indispensable pour planifier le développement de l’IA, intégrant les questions de l’énergie et des ressources pour une IA frugale, la volonté d’utilité sociale, la qualité des services publics, la diffusion des bonnes pratiques, les questions liées au genre car les femmes subissent plus de cyberviolences, etc.

Les impacts sociaux

 Sur l’emploi et le marché du travail
Face aux craintes concernant l’emploi, le CESE préconise un dialogue social et des études d’impact social et environnemental avant l’adoption de systèmes d’IA dans une entreprise ou administration ; de voir les conséquences sur les métiers, les besoins de compétences ; également que soient traitées les conditions de travail pour garantir le maintien de l’autonomie des salariés et de la capacité à prendre des décisions éclairées, la prévention de la surcharge mentale ; sans oublier les conséquences sur l’organisation du travail et le travail lui-même.

 La formation est un élément central, tant en formation initiale pour faciliter l’insertion professionnelle future des jeunes que par la formation des salariés en élaborant un plan de développement des compétences. L’IA s’implantant dans beaucoup de nos outils quotidiens et dans le numérique, la formation doit être à tous âges pour tous ainsi que, dans le travail, un accompagnement et un mentorat.

 Pour l’intégration dans l’entreprise ou le service public
L’exigence d’études d’impact avant les choix d’intégration d’un système d’IA dans une entreprise ou un service public, avec la prise en compte des enjeux éthiques et environnementaux, notamment par des chartes éthiques, et le critère d’amélioration du service public tout en y maintenant un accueil humain.

 Pour la santé
La formation des soignants et des administratifs est nécessaire sur les usages possibles de l’IA, de même qu’une recherche médicale qui soit exempte de biais sexistes.

 Sur l’équipement des territoires
L’objectif est de veiller à une couverture équitable, en particulier pour le développement des données numériques en santé, leur généralisation, un usage fluide et sécurisé des données entre professionnels et usagers.

 Pour l’accessibilité en cas de handicap
Pour une meilleure inclusion des personnes handicapées dans la vie quotidienne et professionnelle, l’enjeu d’accessibilité doit être intégré dans les systèmes d’IA, en être un critère de choix, avec des outils spécifiques comme la reconnaissance vocale, des interfaces adaptées, etc.

Pour conclure provisoirement

Tous ces éléments conditionnent l’acceptabilité du développement de l’IA dans la vie quotidienne et dans la vie professionnelle. Elle doit être facilitation et non souci ou surcharge mentale, servir l’intérêt général. Cela nécessite une grande vigilance tant dans les entreprises que dans les services publics. Dans les entreprises l’introduction d’un système d’IA doit d’ailleurs passer par une consultation du CSE, la question se pose aussi dans les administrations. Aussi l’objectif de l’intérêt général ne pourra être atteint sans dialogue social, mobilisation des élus du personnel et des représentants syndicaux.


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