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Les clés du social : Les fonctionnaires sont davantage victimes de violences que les salariés du privé

Les fonctionnaires sont davantage victimes de violences que les salariés du privé

Publié le 28 septembre 2024 / Temps de lecture estimé : 3 mn

Injures, menaces, harcèlement… font partie du quotidien des fonctionnaires à rebours d’une certaine image de tranquillité accolée à la fonction publique. L’enquête réalisée en 2022 par la direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) révèle que 14 % des agents publics ont subi au moins une atteinte à la personne, contre 12 % des salariés du privé. Cet écart s’explique principalement par une plus grande exposition des agents publics à des situations de violence dans le cadre de leur métier. 45 % des atteintes décrites par les agents publics sont associées à leur métier, contre 33 % pour les salariés du privé.

Une enquête du ministère de l’Intérieur

La DGAFP a exploité les résultats de l’enquête Vécu et ressenti en matière de sécurité (VRS), conduite par le ministère de l’Intérieur auprès de 100 000 personnes. « Les policiers, militaires et pompiers sont les premiers concernés » par les violences dans leurs fonctions : « ils représentent 5 % des agents de la fonction publique mais 19 % des victimations (atteintes à la personne) ayant eu lieu dans le contexte professionnel », explique la DGAFP. « Les professions intermédiaires de la santé et du travail social sont aussi surreprésentées ». Si seulement 11 % des agents publics exercent ces professions, ils subissent 17 % des atteintes se passant dans le contexte professionnel.

Quelles sont les violences subies ?

Parmi les atteintes rapportées par les agents publics, les injures arrivent en tête (6 %), suivies du harcèlement moral (5 %), des violences sexuelles, des menaces, des discriminations et des violences physiques (1 %). En comparaison, les salariés du secteur privé sont moins souvent victimes d’injures, de harcèlement moral et de menaces.

Une différence suivant le sexe et l’âge

Les femmes subissent 61 % des atteintes, alors qu’elles représentent 64 % des effectifs de la fonction publique. Elles sont donc légèrement sous-représentées dans la fonction publique, alors qu’elles sont surreprésentées dans le secteur privé (57 % des atteintes, contre 47 % des salariés.

En revanche, les jeunes agents de moins de 30 ans sont plus souvent victimes de violences que leurs collègues plus âgés, Les jeunes agents sont les plus exposés aux violences, particulièrement aux violences sexuelles et physiques. Les agents de moins de 30 ans subissent 17 % des atteintes dans un contexte professionnel, alors qu’ils ne représentent que 13 % des effectifs. Les agents de plus de 50 ans sont sous-représentés parmi les victimes de violences professionnelles mais sont plus souvent victimes de discriminations et de harcèlement moral.

Les immigrés sont globalement moins souvent victimes que les personnes sans ascendance migratoire, à l’exception des discriminations.

Enfin, un peu moins d’un agent public sur dix (9 %) porte plainte quand il est victime de violences au travail, un pourcentage trois fois plus élevé que dans le privé (3 %). Cette différence pourrait être due aux protections offertes par le Code pénal aux agents chargés d’une mission de service public.

Le cadre professionnel est central

Les violences subies par les agents de la fonction publique se déroulent majoritairement dans un cadre professionnel (45 %), alors que pour les salariés du privé, ce chiffre est de 33 %. Les violences physiques non sexuelles sont particulièrement fréquentes sur le lieu de travail pour les agents publics (59 %), contre seulement 19 % pour les salariés du privé. Les injures et menaces suivent une tendance similaire, avec la moitié des incidents se produisant sur le lieu de travail pour les agents publics, contre moins d’un tiers pour les salariés du privé.

On n’est donc pas étonné que les professions en contact direct avec le public soient les plus à risque. 93 % des atteintes touchent des agents en contact avec le public, bien qu’ils ne représentent que 84 % des agents.

En conclusion

En 2022, 22 % des agents de la fonction publique (1 sur 5) se sentent en insécurité sur leur lieu de travail, contre 14 % des salariés du privé. Ce sentiment d’insécurité au travail souligne la nécessité de mesures pour améliorer leur sécurité et leur bien-être au travail.

Des protections juridiques pour les agents publics
Les agents publics bénéficient dans certains cas d’une protection associée à leur fonction. L’outrage à agent est un acte commis à l’égard d’une personne chargée d’une mission de service public et qui nuit à la dignité ou au respect dû à sa fonction. Selon les termes de l’article 433-5 du Code pénal, sont considérés comme des outrages notamment :
  • les insultes orales,
  • l’envoi d’objets ou de lettres d’insultes,
  • les menaces orales ou écrites,
  • les gestes insultants ou menaçants (les violences physiques sont punies comme les coups et blessures).

Sources