En août 2024, la DARES publie 4 rapports sur l’impact des conditions de travail sur la santé mentale des travailleurs. Ils explorent comment l’intensification du travail, l’autonomie, la précarité et le chômage affectent le bien-être psychologique des travailleurs. Ces études mettent en lumière divers défis rencontrés dans différents environnements professionnels :
-1- « Impact de l’intensification et de l’autonomie au travail sur la santé mentale ». Ce rapport analyse l’impact combiné de l’intensification du travail et de l’autonomie sur le bien-être psychologique des salariés. Il révèle que le stress lié à une charge de travail accrue nuit à ce bien-être.
- En revanche l’autonomie, en permettant un meilleur contrôle des tâches, joue un rôle protecteur.
- Lorsque la charge de travail est élevée et l’autonomie faible, le bien-être psychologique se dégrade considérablement. Ce phénomène touche particulièrement les femmes et les ouvriers, plus fréquemment exposés à ces conditions difficiles.
-2- « Étude des relations entre les conditions de travail difficiles, les troubles du sommeil, la dépression et les conduites addictives chez des travailleurs en situation de précarité ». Ce rapport examine les liens entre conditions de travail difficiles, précarité et troubles psychologiques. Basé sur une étude qui suit la santé des personnes en France,
- Il montre que les travailleurs précaires sont plus susceptibles de développer des addictions (tabac, cannabis, sucre, alcool), lorsqu’ils sont épuisés ou ont des horaires atypiques.
- Les femmes et les travailleurs de nuit sont particulièrement vulnérables, avec un risque accru de rechute dans le tabagisme et l’alcoolisme.
- Ces résultats soulignent la nécessité d’une meilleure prévention dans ces milieux.
-3- « Santé mentale et expérience subjective du chômage ». Ce rapport examine l’impact du chômage prolongé sur la santé mentale. Il révèle que, parfois, le chômage peut offrir un soulagement temporaire après une période de travail difficile.
- Cependant, lorsqu’il perdure, il détériore progressivement la santé mentale des demandeurs d’emploi.
- Le rapport souligne de ce fait le dilemme des agents de Pôle Emploi qui doivent jongler entre pousser les demandeurs d’emploi à chercher du travail et rester à l’écoute de leurs besoins.
-4- « Les effets subjectifs des nouvelles organisations du travail ». Ce rapport examine les conséquences sur la santé mentale en prenant l’exemple de trois types de structures : une plateforme numérique de livraison, une Scop de coursiers, et une entreprise libérée.
- Les livreurs de la plateforme font face à des conditions de travail précaires et à un management algorithmique.
- Dans la Scop, la coopération collective permet de mieux gérer la pression.
- En revanche, l’entreprise libérée, malgré une grande autonomie, peut entraîner une surcharge mentale à cause de la responsabilisation excessive des salariés. Le rapport conclut que l’absence de hiérarchie peut nuire à la santé mentale si elle n’est pas correctement encadrée.
Les ordonnances de septembre 2017 ont supprimé dans les entreprises les instances de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Depuis janvier 2020, ces missions sont exercées par le comité social et économique (CSE), avec une réorganisation des institutions représentatives du personnel (IRP). Conséquence : une modification en profondeur de la nature et des modalités du dialogue social dans l’entreprise (Voir les Clés du social ci-dessous).
Le DUERP (document unique d’évaluation des risques professionnels) doit être mis à jour au moins chaque année, lors de toute décision d’aménagement important modifiant les conditions de santé et de sécurité ou les conditions de travail :
- Il concerne l’ensemble des risques pour la santé de travailleurs et notamment les risques psychosociaux (définition d’actions de prévention des risques et protection de salariés).
- Pour les entreprises de plus de 50 salariés, est obligatoire : un programme annuel de prévention des risques professionnels et d’amélioration des conditions de travail fixant la liste des mesures à prendre dans l’année qui suit, les conditions d’exécution, les indicateurs de résultat, le coût estimé, les ressources de l’entreprise pouvant être mobilisées et un calendrier de mise en œuvre.
Si la législation du travail existe sur les risques psychosociaux, elle est difficilement applicable, vu le peu de moyens (en temps, en compétences, en études) que possèdent les élus du comité social et économique et les représentants du personnel pour la faire appliquer, depuis les dernières ordonnances de 2017. Le gouvernement souhaite faire de la santé mentale « la grande cause de l’année 2025 ». Elle est réclamée depuis des mois par les professionnels.
Références
Et dans Clés du social