La gestion de la présidence des États-Unis par ce dirigeant toujours en mouvement, pratiquant un incessant turn-over de ses principaux collaborateurs est très curieuse. Il déstabilise régulièrement son administration et est addict aux tweets. Il a un goût immodéré pour les dirigeants autoritaires : Kim Yong -un (Corée du Nord), Poutine (Russie), Erdogan (Turquie).
Selon les auteurs de ce livre, Trump a recours pour assurer la mobilisation des citoyens américains à la nostalgie (« America First »). Pour s’imposer sans partage au sein du parti républicain il s’est appuyé sur le courant de la droite religieuse. De plus, il manie facilement l’insulte.
Cartillier et Paris observent qu’il développe une vision étroitement nationaliste des relations internationales marquées par les décisions suivantes : le retrait du traité de libre-échange transpacifique (TPP – 2015) ; le retrait de l’accord sur le climat (2017) ; le retrait de l’accord international sur le nucléaire iranien (2018) ; le retrait des troupes américaines du nord-est de la Syrie (2019).
Quant à l’Europe, Trump déclarera tout simplement : « je me fous des Européens - je ne suis pas élu par les Européens ». Il aura d’ailleurs, lors des rencontres avec ses homologues, des attitudes condescendantes et méprisantes tant à l’égard de Merkel que de Macron. Il sera beaucoup plus accueillant à l’égard de leaders européens populistes comme Orban, Farage ou Johnson. Il poussera d’ailleurs le mépris jusqu’à proposer au Danemark de lui acheter le Groënland.
Avec un dirigeant américain de cette trempe, le temps habituel des alliés entre Européens et Américains est terminé.
Son envie d’exercer le pouvoir sans partage le conduira à faire des propositions scabreuses : au nouveau dirigeant de l’Ukraine il proposera de troquer une aide financière à son pays contre une enquête visant le fils de son concurrent démocrate.
Ses relations peu claires tant avec la Russie qu’avec l’Ukraine le conduisirent à subir une procédure de destitution qui fut finalement bloquée par la majorité républicaine au Sénat en février 2020.
Le grand sujet du moment ce sont les relations des USA avec la Chine avec en toile de fond des relations commerciales déséquilibrées et la gestion du Covid-19, mais quand on regarde - comme le fait le livre - la chronologie des tweets de Trump, on s’aperçoit que ses relations avec la Chine furent très contrastées : passant du tout positif au tout négatif.
En fait on a là un dirigeant surtout intéressé par lui-même, fermé à l’empathie : au fur et à mesure de la lecture du livre on relève l’indifférence de Trump aux victimes de l’ouragan Katrina (2005) comme à celles de l’ouragan Maria (2017) mais également au crime raciste contre George Floyd le 25 mai 2020 étouffé par un policier blanc ou bien encore en ce qui concerne les nombreuses victimes du Covid-19 (les USA étant le pays au monde le plus touché par cette pandémie).
Il ne faut pas pour autant s’y méprendre, ce livre n’est pas un livre fait de jugements a priori sur Trump - la chronologie à la fin de l’ouvrage atteste de la démarche des auteurs basée sur les faits.
Il reste qu’un tel dirigeant à la tête de la 1ère puissance mondiale reste inquiétant pour les USA tant il n’a fait que cliver le pays mais aussi au plan des relations internationales puisque son crédo a été de détricoter les accords et institutions internationales existantes : à suivre.