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Les clés du social : Les personnes handicapées en France et leurs emplois

Les personnes handicapées en France et leurs emplois

Publié le 18 décembre 2024 / Temps de lecture estimé : 3 mn

Chaque année la Drees publie des informations sur les personnes handicapées. L’édition 2024 est vaste et aborde les différents aspects du handicap, enfants et adultes, à domicile ou en établissement. Regardons ici les aspects concernant les adultes handicapés et leur participation à l’emploi.

Les personnes handicapées

Selon des critères différents pris en compte, le nombre de personnes handicapées de 5 ans et plus varie entre 18,2 millions et 5,7 millions, selon que l’on intègre tous ceux qui ont une limitation fonctionnelle d’activité (vue, mémoire, monter un escalier, se faire comprendre…) ou seulement ceux qui ont de fortes restrictions dans les activités de base du quotidien (se coucher, se lever, se laver, manger, faire ses courses…).

Une limitation sévère touche 15 % des enfants de 5 à 14 ans et 2 % subissent de fortes restrictions. Pour les adultes de 15 à 64 ans, 22 % sont concernés par une limitation sévère et 6 % par de fortes restrictions. Chez les adultes l’âge accentue ces difficultés et 44 % des personnes de 65 ans et plus vivant à domicile connaissent une limitation fonctionnelle sévère, le plus souvent motrice.

D’autre part, ces personnes sont moins diplômées et même 30 % n’ont aucun diplôme. En raison de leurs limitations, elles participent moins à la vie citoyenne et culturelle que la moyenne des Français et se sentent souvent moins bien intégrées dans la société, voire isolées, victimes plus fréquentes de maltraitances.

L’emploi des personnes handicapées

Pour les personnes reconnues handicapées, le taux d’emploi des 15-64 ans s’établit à 39 % alors qu’il est globalement de 68 % pour l’ensemble des Français ; c’est aussi moins que l’ensemble de la population ayant une limitation (52 %) ; avec un taux un peu plus important pour les femmes (41 %) que pour les hommes (38 %). En outre, leur taux de chômage est de 12 % en 2023 (femmes 11 %, hommes 13 %) alors que globalement il est descendu à 7 % pour l’ensemble des Français. Cependant, ce chiffre constitue une baisse progressive, passant de 17 % en 2015 à 12 % en 2023, une baisse au même rythme que pour l’ensemble de la population active.

Il n’en reste pas moins que plus les limitations des personnes sont sévères, plus elles sont éloignées de l’emploi, en particulier quand elles ont des difficultés motrices et si elles ont plusieurs limitations sévères. Elles sont peu nombreuses à entrer en apprentissage ou à faire un contrat de professionnalisation. De même, leur insertion ou retour à l’emploi est plus faible après une formation. Certaines passent par une phase d’entreprise adaptée (40 000 en 2023) pour une durée en moyenne de 20 mois.

De plus les travailleurs handicapés ont une moyenne d’âge plus élevée que l’ensemble de la population active : 50 % ont 50 ans et plus, contre 31 %. Ils occupent plus souvent un emploi ouvrier ou employé. Surtout en raison de leur santé, ils sont plus souvent à temps partiel (33 %, contre 17 %). Leur éventail de métiers est plus restreint que l’ensemble des travailleurs, en particulier les femmes : dans le secteur public, beaucoup de postes d’employés et d’agents de service, beaucoup moins de cadres et professions intermédiaires ; dans le secteur privé, moins souvent cadres, plus souvent ouvriers non qualifiés et employés.

N’oublions pas non plus que les travailleurs reconnus handicapés sont plus exposés aux risques professionnels (cf. Clés du social : https://www.clesdusocial.fr/les-salaries-handicapes-sont-plus-exposes-aux-risques-professionnels).

Leur fin de carrière est souvent difficile. Car, s’ils prennent en moyenne leur retraite à 63 ans, soit quelques mois plus tard que la moyenne, ils passent souvent par une longue période sans emploi ni retraite, en moyenne presque 8 ans (7,9 ans) contre 1,8 an pour les personnes sans incapacité. Et vu leurs emplois, leur niveau de retraite est bien plus faible que la moyenne : en 2020, 562 € en moyenne contre 1 631 € pour les autres travailleurs, et que celle des bénéficiaires d’un pension d’invalidité (1 265 €). Cette faible retraite doit être complétée par le minimum social.

Et les entreprises ?

Encore maintenant, les entreprises ne remplissent pas l’obligation d’emploi de travailleurs handicapés (OETH) de 6 % de leur effectif en temps pleins. Le taux en reste à 3,6 %, majoré à 4,7 % pour tenir compte des bénéficiaires âgés de 50 ans et plus. Seules 30 % des entreprises appliquent totalement l’obligation, surtout de grandes entreprises de 2 500 salariés ou plus. On les trouve dans l’administration, l’enseignement, la santé et l’action sociale (6,1 %), alors que le taux est particulièrement bas dans l’information-communication (3 %) et la construction (3,6 %).



Ainsi, s’il y a quelques progrès, on voit que la situation des personnes handicapées reste difficile - même si la part de personnes handicapées est plus faible dans l’ouest et le sud de la France. Cela se retrouve dans leur niveau de vie, avec une personne handicapée sur 4 (15-59 ans) qui vit sous le seuil de pauvreté et 39 % qui subissent des privations matérielles et sociales (contre 14 % de la population), même s’ils bénéficient de prestations sociales supérieures au reste de la population.


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