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Les clés du social : Attractivité du métier d'enseignant : urgence à agir

Attractivité du métier d’enseignant : urgence à agir

Publié le 18 janvier 2025 / Temps de lecture estimé : 3 mn

Alors que l’Éducation nationale connait une septième ministre en deux ans et que s’affiche ostensiblement du côté des politiques la priorité à l’éducation, il y a urgence à agir pour renforcer l’attractivité du métier d’enseignant. De nombreux travaux analysent ce phénomène et le premier rapport mondial de l’UNESCO sur les enseignants donne des pistes. Petite revue des principales conclusions.

En France, une situation déjà ancienne

De manière générale, depuis le milieu des années 1990, les concours de la fonction publique connaissent une baisse de candidats, les diplômés vont davantage vers le secteur privé. Cette situation est plus grave encore au ministère de l’Éducation nationale car depuis le début des années 2000, la diminution des candidatures est plus forte pour les enseignants que pour les autres fonctionnaires de catégorie A.

La situation actuelle

Elle est marquée par une diminution encore plus prononcée, que les experts expliquent par les réformes successives de la formation des enseignants. Ainsi, à la rentrée 2022, dans les deux degrés, 4 000 postes n’ont pas été pourvus (soit 20 %, contre 5 % en 2021), et plus de 3 100 postes en 2023 (15 %). Mais il faut rappeler qu’en 1964, 9 600 restaient à pourvoir dans le second degré.

La transformation des métiers de l’enseignement

Géraldine Farges et Loïc Szerdahelyi, dans leur article produit pour la revue Constructif, écrivent que

« la crise de recrutement contemporaine se caractérise par le fait qu’elle intervient dans un contexte de transformation lente mais profonde des métiers de l’enseignement, dans le sens d’une plus grande responsabilisation des agents et de l’importation dans l’école d’une logique d’évaluation et de contractualisation issue du secteur privé. Parallèlement, les salaires enseignants ne supportent pas la comparaison avec ceux d’autres actifs diplômés de niveau bac + 5. De plus, les missions confiées à l’école englobent des demandes éducatives complexes, et les publics scolaires se diversifient au nom des principes d’inclusion et d’accessibilité ».

Les leviers pour faire face et l’alerte de l’UNESCO

En France, les préconisations des chercheurs se rejoignent. Les leviers de la rémunération et des conditions de travail comptent pour beaucoup, sans oublier bien sûr celui de la formation. Les conclusions du rapport de l’UNESCO, l’agence de l’ONU pour l’éducation, publié en octobre 2024 dans le cadre de la journée mondiale des enseignants, font écho avec la situation française. 44 millions d’enseignants pourraient manquer dans les enseignements primaire et secondaire d’ici 2030 dans le monde.

59 propositions de l’ONU

L’ONU demande aux gouvernements d’agir sur la profession enseignante. Elle a organisé un groupe de haut niveau et a associé l’Internationale syndicale de l’Éducation Publique. La France est signataire du texte de l’ONU et cela l’oblige.

En résumé

Les propositions de l’ONU sont en lien avec le respect et la valorisation du métier et rejettent toutes les mesures d’austérité sur le financement de l’éducation.
 Les salaires et les conditions de travail sont des enjeux majeurs pour l’attractivité : la rémunération doit être alignée sur les professions de même niveau et instaurer un déroulé de carrière attractif. Une nécessaire amélioration des conditions d’exercice du métier doit être menée.
 Ne plus faire l’impasse sur la formation initiale et continue des enseignants : le groupe de haut niveau recommande un recrutement des enseignants au minimum à niveau licence mais préconise le niveau master.
De plus, les enseignants doivent pouvoir bénéficier d’une formation continue de qualité tout au long de la carrière. C’est un énorme chantier pour la France car parfois les temps de formation continue se limitent à des temps d’informations sur les réformes en cours.
 L’ONU préconise l’autonomie des professionnels mais aussi des établissements. De plus, elle demande que les politiques éducatives s’inscrivent dans la durée.
 Focus sur le dialogue social, la négociation collective : l’agence demande de ne pas faire sans les syndicats. Là aussi la France a un train de retard, renforcé par la complication actuelle de la multiplication des ministres, des équipes ministérielles et des projets gouvernementaux.

Les constats et les préconisations tant nationales qu’internationales se rejoignent. Il y a urgence à agir, espérons que les discours mèneront enfin aux actes.


Sources