L’étude
Pour analyser leurs débuts de vie active, l’étude est partie de la génération des diplômés en master de 2017 et a examiné où ils en sont 3 ans après, grâce à un questionnaire diffusé fin 2020-début 2021 auprès de 3 300 jeunes diplômés. Les réponses montrent la qualité des débuts de leur vie active, meilleure que celle des diplômes inférieurs, …même si c’est un peu moins que les autres bacs + 5, sortant pour la plupart des grandes écoles. En effet, 3 ans après leur diplôme, 85 % sont en emploi (contre 71 % pour l’ensemble des sortants du système éducatif), 81 % sont en emploi durable (CDI, fonctionnaire, ou non salarié), 63 % sont cadres et leur salaire net moyen est de 2 170 €.
Les auteures de l’étude du Cereq ont déterminé 4 critères d’analyse : être ou non en emploi, quel type d’emploi, durable ou non, un emploi cadre ou non cadre, et le salaire. Ces critères leur ont permis de déterminer 7 trajectoires, des bonnes réponses à ces 4 critères pour ¼ des jeunes diplômés en master, la trajectoire 1, à des situations plus - voire très - précaires. Les membres de 5 des 7 trajectoires sont en emploi, la 6ème concerne les reprises d’étude ou l’inactivité, et la 7ème ceux qui sont au chômage ou en emploi de courte durée.
Le rôle des facteurs sociaux et des parcours antérieurs de formation
Sans surprise, la sélection selon l’origine sociale de ces jeunes diplômés joue. Si les 2 parents sont cadres, ils ont 1,3 fois plus de chances d’être dans la meilleure trajectoire (la première) que les enfants issus de ménages intermédiaires. Pour les premiers, presque tous les emplois sont cadres (84 %) et les salaires sont plus élevés (2 485 € en moyenne). La situation est encore nettement moins bonne pour les diplômés dont les parents sont inactifs ou ouvriers et employés ou habitent des quartiers prioritaires de la ville : moins de chances de bons emplois, plus de risques de chômage et de moins bonnes conditions d’emploi.
D’autre part, la trajectoire est moins bonne, et rarement au premier niveau, pour ceux qui sont passés par un BTS ou un IUT que pour ceux qui ont suivi et obtenu une licence. De même pour ceux qui n’ont pas pu suivre la formation souhaitée en raison de son éloignement et des coûts engendrés.

Les inégalités selon les spécialités et modalités des masters
Elles sont très importantes. S’ils sortent de la spécialité d’informatique et réseaux, ils ont 6 chances sur 10 d’être dans la meilleure trajectoire et presqu’autant s’ils se sont formés en banque et finances. Au contraire, s’ils ont suivi une filière arts et lettres, leurs postes sont plus rares et plus précaires (7 % seulement de chances d’être dans la trajectoire 1) et font plus de reprises d’études. C’est peu différent pour ceux qui sont sortis avec un master d’éducation-formation, de sciences naturelles et de la vie, ou de sciences humaines et sociales.
D’ailleurs cela se retrouve aussi dans le lien entre le diplôme et l’emploi exercé. La correspondance entre leur spécialité de master et leur emploi est grande s’ils sont diplômés d’informatique et réseaux alors que ceux issus de arts et lettres sont rentrés dans l’enseignement ou se sont retrouvés en communication, ou commerce ou restauration. Quant à ceux issus des sciences naturelles ou de la vie, on les retrouve souvent techniciens supérieurs ou ingénieurs en recherche et développement dans l’industrie.
En outre, le mode de formation joue aussi : avoir pu faire la dernière année du master en alternance, le plus souvent par la voie de l’apprentissage, soit 22 % de la cohorte, donne 1,4 fois plus de chance de se retrouver dans la meilleure trajectoire et 1,6 fois moins de risques de connaitre le chômage. Or la possibilité de se former par l’alternance est faible en arts et lettres (5 %) au contraire de la GRH (51 %).
Au final
Si on pouvait prévoir beaucoup de ces conclusions, l’intérêt de l’étude est d’en apporter les justifications scientifiques et de les rendre irréfutables. Elles montrent que la démocratisation est encore bien incomplète, avec toujours une sélection sociale, que beaucoup de spécialités sont encore sous-reconnues, malgré les outils intellectuels qu’elles ont permis d’acquérir et qui sont mobilisables dans une variété de situations professionnelles.
Source
- Les diplômés de master universitaire ont-ils tous les mêmes débuts de vie active ? Cereq – Bref n° 456 – 2024 – Maryam Akkouh et Alexie Robert :
https://www.cereq.fr/sites/default/files/2024-09/Bref_456_web-_0.pdf