1. Accueil
  2. > Environnement économique
  3. > Emploi
  4. > L’emploi des séniors en France en hausse
Les clés du social : L'emploi des séniors en France en hausse

L’emploi des séniors en France en hausse

Publié le 21 septembre 2024 / Temps de lecture estimé : 4 mn

Depuis les années 2000 on constate une hausse des séniors sur le marché de l’emploi. Est-ce l’effet des réformes des retraites repoussant l’âge de la retraite ? Cette hausse reste hétérogène en fonction de l’âge : les 50-54 ans, 55-59 ans, 60-64 ans. Le taux d’activité des séniors reste encore en dessous de celui de l’Union européenne et une partie des séniors connaissent des fins de carrière difficiles. On repère des causes multiples pour ne pas poursuivre son travail : maladie, handicap, chômage, situations personnelles liées à la famille…Discriminations au travail ? Manque d’aménagements des postes de travail ?

À quel âge devient-on sénior en entreprise ? à 45 ans, on entre dans « la deuxième partie de carrière ». C’est aussi l’âge retenu par le ministère du Travail pour « les mesures séniors ». :

  • Certaines politiques de l’emploi considèrent le seuil de séniorité à partir de 57 ans pour pouvoir bénéficier d’un CDD sénior.
  • Mais le monde professionnel considère un salarié sénior à un âge plus jeune que les politiques d’aides sociales.
  • Les séniors sont aussi considérés comme des personnes expérimentées qui peuvent transmettre leur savoir-faire pour apprendre de nouvelles compétences aux plus jeunes.

De 55 à 69 ans, une situation sur le marché du travail très évolutive

  • Les 50-54 ans connaissent une augmentation continue depuis 1970 (de 70 % environ à 85 % en 48 ans), tandis que les autres catégories d’âge de 55 à 69 ans sont en progression continue à partir des années 2010, notamment à la suite de la réforme des retraites qui a relevé l’âge de départ de 60 à 62 ans.
  • Le taux d’activité des 55-59 ans a augmenté de 2,5 points entre 2018 et 2023, enregistrant 80,9 % l’an dernier et se rapprochant des 50-54 ans (87,4 %).
  • Sur ces mêmes années, la participation des 60-64 ans a augmenté de 6,2 points, dont 2,7 points sur la seule année à la suite de la réforme des retraites lancée en septembre 2023. C’est la catégorie d’âge qui connait la plus forte hausse depuis 50 ans.
  • Entre 55 et 69 ans, on constate une forte et rapide évolution du marché du travail. En 2023, 81 % des personnes âgées de 55 ans sont en emploi. Le taux d’emploi diminue à 53 % pour les personnes de plus de 61 ans. Par ailleurs, 6 % des personnes de plus de 69 ans sont en emploi.

Des causes subies, pour ne pas prolonger son emploi : la maladie, le handicap (10 % des personnes seraient concernées) ou encore 4 % au chômage.

  • Mais 7 % des personnes déclarent ne pas poursuivre un travail pour d’autres raisons que le chômage ou la santé.
  • Deux personnes sur cinq souhaitent « rester au foyer », 60 % des personnes inactives le sont toujours un an plus tard. L’approche de la retraite ou les situations personnelles liées à la famille sont évoquées (aidants familiaux).
  • 21 % des séniors âgés de 55 à 61 ans connaissent une situation particulière en étant ni en emploi, ni à la retraite, c’est-à-dire les personnes au chômage et celles inactives hors retraite. Ce chiffre explose autour de 61 ans pour atteindre 28 % des individus.
  • Ces personnes inactives sont à majorité des femmes (59 %) et peu diplômées (42 %).

La France ne parvient pas à rattraper son retard par rapport à ses voisins européens : un taux d’activité de 61,7 % des 55-64 ans en 2023 en France contre 67 %dans l’Union européenne. L’Allemagne creuse encore plus l’écart avec la France, avec un taux de 76,4 %.

  • L’Insee prévoit un rattrapage de la France au milieu des années 2030 en prenant en compte les effets de la réforme des retraites de 2023.
  • Un taux d’emploi des femmes séniors (55-64 ans) en France proche de celui de la moyenne européenne (respectivement 55,5 % et 56,2 %) alors qu’il est inférieur de près de 10 points pour les hommes.

64 % des dirigeants d’entreprise se disent conscients des enjeux du vieillissement de la population et des conséquences sur le marché du travail au sein de leur entreprise. Ils éprouvent une certaine inquiétude quant à maintenir leurs séniors en emploi. À savoir les difficultés de reclassement, l’aménagement des postes, l’augmentation des arrêts de travail et des arrêts maladie (enquête Malakoff Humanis).

  • Pourtant, 9 dirigeants sur 10 considèrent les compétences et l’expérience professionnelle des séniors comme une opportunité pour l’entreprise.
  • Pour favoriser l’emploi et l’épanouissement professionnel des séniors, les actions considérées comme prioritaires par les chefs d’entreprise et les salariés concernent surtout la transmission de compétences et l’aménagement de poste.

La mission ministérielle sur le maintien en emploi des séniors de janvier 2000 recommande :

  • D’initier de manière coordonnée, au sein des observatoires de branche et en lien avec les organismes de prévoyance, des travaux d’états des lieux en vue de décliner l’accord cadre européen sur le vieillissement actif et l’approche intergénérationnelle.
  • D’inscrire explicitement la prise en compte des conséquences pour les salariés âgés dans les sujets de la consultation annuelle du CSE sur les orientations stratégiques de l’entreprise.
    Une reprise des négociations pour un accord national interprofessionnel sur l’emploi des séniors est-elle envisageable ? Le président du Medef le souhaite en échange d’une baisse des cotisations. Les syndicats répondent : « La CFDT peut s’inscrire dans un nouveau cycle de négociations si l’enjeu est aussi de répondre aux attentes sociales », FO rappelle que « si la négociation n’a pas abouti, c’était principalement à cause du gouvernement », et elle est partante comme la CFE-CGC et la CFTC pour de nouvelles négociations. En revanche la CGT préfère pour l’instant se mobiliser sur l’abrogation de la réforme des retraites.

Références