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Les clés du social : Portrait des travailleurs de plateformes

Portrait des travailleurs de plateformes

Publié le 22 janvier 2025 / Temps de lecture estimé : 2 mn

Les activités présentes sur les plateformes se multiplient, donc les travailleurs aussi. On les retrouve maintenant dans de nombreux secteurs, y compris là où on ne l’aurait pas imaginé. La Dares propose d’en faire le portrait, en dégageant les traits majoritaires tout en signalant la diversité des situations.

Les travailleurs des plateformes, qui sont-ils ?

Ils représentent maintenant 2 % des emplois, soit presque 600 000 et 1 indépendant sur 6. C’est 3 fois plus qu’en 2017 !

On les trouve en particulier dans les prestations de services (assurances, immobilier, agents commerciaux, consultants en communication ou en marketing, etc.) soit 18 % d’entre eux, 11 % dans la santé et le paramédical, mais aussi dans l’hotellerie-restauration (9 %), 9 % dans l’artisanat de services, également dans l’agriculture (7 %), etc. 42 % ont adopté le statut de microentrepreneur.

En moyenne, c’est une population plus masculine, plus âgée (13 % de moins de 30 ans, contre 21 % parmi les salariés) et plus diplômée (76 % ont au moins le bac, contre 69 % des salariés). Ils sont plus souvent pluriactifs, à 14 %, le double des salariés, pour s’assurer un revenu suffisant. Cela s’explique par la fréquence de missions courtes et l’existence d’un sous-emploi.

Les caractéristiques de leur travail

Une partie de leur travail est organisé par la plateforme pour 44 % d’entre eux, soit par des instructions précises et une possibilité de sanction, soit par le contrôle de la réalisation des tâches. 58 % ont leur travail noté par les clients ou usagers, contre 20 % des salariés. En échange, les plateformes leur apportent parfois des ressources, de la formation (pour 21 %) ou de l’information voire des équipements de protection pour 12 %.

Leur travail est numérisé et ils sont le plus souvent à l’aise avec le numérique : 83 % utilisent un smartphone ou un ordinateur plus de 3 heures par jour et ils sont beaucoup en télétravail. Ainsi leur travail est plus intense, plus exigeant émotionnellement car 90 % sont en contact avec le public et connaissent des risques de tension. D’autre part ils se sentent souvent isolés et pensent que leur travail n’est pas assez reconnu. Cependant, une partie d’entre eux possède une autonomie importante et ils vivent peu de conflits de valeur.

Ils travaillent avec des horaires bien plus longs que les salariés, avec une moyenne de 42 heures par semaine ; seuls 28 % ont une durée inférieure à 35 heures et 61 % sont à 40 heures ou plus. Leurs horaires sont plus souvent atypiques, se déroulant souvent le soir, la nuit ou tôt le matin pour 75 % d’entre eux, ou le weekend pour 88 %. Ce qui est le signe d’une impossibilité de conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle, provoquant les plaintes de leur entourage. Pourtant leur évaluation de leur santé est meilleure que celle des salariés : 30 % disent ne pas en avoir une bonne, contre 37 % des salariés.

Mais leur crainte est surtout celle de la perte de leur emploi, au double des salariés, avec 50 % d’entre eux qui le redoutent contre 24 % des salariés. Leur insécurité socioéconomique est beaucoup plus forte.



Au-delà de caractéristiques communes, leurs situations sont très variées et même très dissemblables, des livreurs de pizzas et VTC aux consultants, avocats ou architectes que l’on trouve aussi parmi les travailleurs des plateformes. Les problèmes de conditions d’emploi et de travail, qui commencent à être traités par des débuts de négociation collective et les premiers accords, sous le contrôle de l’Arpe (Autorité des relations sociales des plateformes d’emploi), se retrouvent en particulier chez les plus fragiles, livreurs et VTC. Et beaucoup reste à faire, vu la lenteur voire la résistance des plateformes à les reconnaitre et à les négocier.


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