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Les clés du social : Baromètre Syndex-Ifop 2024 : une petite baisse de moral des représentants du personnel

Baromètre Syndex-Ifop 2024 : une petite baisse de moral des représentants du personnel

Publié le 26 mars 2025 / Temps de lecture estimé : 4 mn

Selon le baromètre annuel sur l’état du dialogue social en France réalisé par Syndex (un de nos partenaires) et l’Ifop [1], même s’ils ont toujours la confiance des salariés, les représentants du personnel portent un regard un peu plus négatif que l’an passé sur leur état d’esprit vis-à-vis du CSE. De même, ils ont un sentiment très mitigé sur la qualité du dialogue social dans leur entreprise auquel ils attribuent une note de 5,3 sur 10 alors que les salariés lui donnent 6 sur 10 et leurs dirigeants 7,8 sur 10.

Etat d’esprit des représentants du personnel sur le CSE

Après avoir vu remonter leur moral l’an passé, probablement avec un peu plus d’enthousiasme lié au début de leur mandat qui est le premier pour un certain nombre d’entre eux, leur état d’esprit s’est nettement dégradé en 2024. La conjoncture économique, l’attitude des directions et les conditions d’exercice de leur mandat y sont probablement pour quelque chose.

Une nouvelle fois, les appréciations négatives sur leur activité au CSE l’emportent sur les positives. Si les représentants du personnel affirment être toujours déterminés (65 %), toutefois en baisse de 2 points par rapport à 2023, ils se déclarent moins motivés que l’an passé avec 59 % de réponses positives contre 65 % l’an passé. À l’inverse, ils sont plus inquiets (56 %, +5 pts par rapport à 2023), déçus (40 %, +4 pts). Un sur quatre se déclare même en colère (+3 pts).

La relation avec leur direction s’est manifestement plutôt tendue. Ainsi, les représentants du personnel jugent leur direction opportuniste (55 %, -2 pts par rapport à 2023), tendue (52 %, +1 pt), fermée (48 %, +3 pts), attentiste (48 %, +3 pts). Depuis 2021 ces deux dernières appréciations ont progressé de 10 pts. Les appréciations positives sont nettement à la traine : 37 % déclarent leur direction à l’écoute (-1 pt) et 24 % ouverte (+1 pt).

Peu d’évolution de la perception que les représentants du personnel ont de leur mandat. Ils ressentent toujours un sentiment d’affaiblissement de leur poids vis-à-vis de la direction (40 %, +1 pt). Toutefois, même s’ils paraissent s’y habituer, ils sont encore nombreux à dénoncer les conditions d’exercice de leur mandat : les ordres du jour des réunions du CSE sont trop chargés pour traiter les problèmes de fond (37 %, -2pts) ; l’accroissement du temps qu’ils y consacrent (34 % ; -3 pts) ; le manque d’attractivité de la fonction (33 % ; -3 pts) ; le manque de moyens (20 %, -4 pts).
Beaucoup de frustrations aussi sur les aspects revendicatifs du mandat : moins bonne prise en charge des revendications individuelles et collectives (31 %, sans changement) ; enjeux de santé mal pris en compte (29 % ; -1 pt) ; manque de temps pour rencontrer les salariés (24 %, +1 pt) et perte de proximité avec eux (20 %, +1 pt).

Tous d’accord pour trouver le CSE utile

Salariés et peut-être plus encore les dirigeants jugent à des niveaux très élevés (autour de 90 %) que le CSE est utile pour remonter à l’employeur les réalités vécues par les salariés sur le terrain, instaurer une médiation entre les salariés et la direction, défendre les salariés, travailler à la sécurité et aux conditions de travail ou encore rendre compte des décisions de la direction.

C’est quand on rentre un peu plus dans les détails que des différences notables se font jour entre les points de vue des représentants du personnel, des salariés et des dirigeants. Globalement, s’ils se retrouvent pour juger prioritaires les questions liées à la santé, sécurité et conditions de travail, toutefois à un degré moindre de la part des employeurs (autour de 90 % pour les représentants du personnel, de 65 à 75 % pour les salariés et 53 à 70 % pour les dirigeants), sur tous les autres sujets qui peuvent être abordés par le CSE, les employeurs sont beaucoup plus réservés : les questions d’ordre économique notamment la stratégie de l’entreprise toujours considérée comme une prérogative unique de l’employeur par nombre d’entre eux (RP : 66 %, salariés 40 %, dirigeants 27 %). Des différences aussi sur l’égalité femmes-hommes (RP : 62 %, salariés : 55 %, dirigeants : 47 %) ou le pouvoir d’achat, les rémunérations et le partage de la valeur (RP : 83 %, Salariés : 71 %, dirigeants : 43 %).

L’image du CSE toujours aussi bonne

Même si elle est un peu en retrait par rapport à l’an passé boostée par le conflit des retraites, le CSE reste très apprécié par les salariés (68 % ; -3 pts) et 62 % des salariés déclarent avoir voté aux dernières élections professionnelles. 78 % des salariés connaissent au moins un élu. 63 % ont confiance en eux. Les salariés sont satisfaits de l’information qu’ils reçoivent de leur CSE. Seulement 15 % déclarent que cela ne les intéresse pas.

Des interrogations sur la qualité du dialogue social

Les représentants du personnel sont donc très réservés sur la qualité du dialogue social, lui accordant la note de 5,3 sur 10, les salariés le sont moins avec 6 sur 10 et les dirigeants beaucoup plus enthousiastes avec une note de 7,8 sur 10. Employeurs qui sont eux-mêmes perçus par les représentants du personnel et les salariés comme les acteurs qui contribuent le moins à la qualité du dialogue social.
Les éléments qui contribuent à la qualité du dialogue social font globalement consensus entre représentants du personnel et dirigeants (proximité, information, confiance, respect de la législation notamment). Seuls ceux qui sont liés à l’activité syndicale font l’objet de divergence plus nette. Notamment la présence syndicale plébiscitée par les représentants du personnel (88 %) beaucoup moins du coté directions (67 %), même si pour cette année leur appréciation augmente de 17 points par rapport à l’an passé, ce qui est une bonne nouvelle.
Comme chaque année l’enquête porte sur d’autres sujets tels que l’égalité femmes–hommes, la prise en compte difficile des questions d’environnement, les rémunérations, les manques du fait des directions des questions pourtant jugées prioritaires de santé, sécurité, conditions de travail, les attentes fortes des salariés et des représentants des salariés notamment sur la prise en compte du point de vue des salariés sur l’organisation du travail et une meilleure répartition du pouvoir décisionnaire dans l’entreprise. Plus spécifiquement, pour les représentants du personnel la première attente vis-à-vis du CSE serait pour eux un poids plus fort des avis émis par le CSE (avis conforme).



Comme chaque année, cette enquête porte un regard assez exhaustif sur le dialogue social dans les entreprises et les CSE. CSE dont on peut attendre des évolutions vers plus de prérogatives et de moyens pour qu’ils puissent pleinement jouer un rôle efficace au service des salariés, du dialogue social et des entreprises.


Source


[1Enquête de l’IFOP de septembre à octobre 2024 auprès de 1 303 salariés, 1 878 représentants du personnel essentiellement dans les entreprises de plus de 50 salariés à partir d’un questionnaire en ligne et au téléphone complété de quelques entretiens téléphoniques auprès de 8 représentants du personnel d’une durée d’une heure.