Le vécu des élus
Par la concentration de toutes ces fonctions, les élus, à 40 %, trouvent que le travail d’IRP est très chronophage. Certains pensent aussi que le poids du CSE est affaibli (41 %), que les élus souffrent d’un manque de considération (à 45 %). Le CEET dénonce aussi le maintien de pratiques de discrimination syndicale. La conséquence en est la difficulté pour les élus de trouver de nouveaux membres, selon 93 % d’entre eux (sondage Syndex-IFOP de 2024).
D’autre part, pour les élus dont c’est l’activité principale ou totale, comment se repositionner ensuite professionnellement ?
Trois dispositifs principaux
- Un reclassement professionnel à la moyenne des salariés équivalents
C’est le premier dispositif qui a existé, dès les années 60, par accord, dans certaines grandes entreprises (EDF, SNCF…). Pour éviter une discrimination syndicale, ces entreprises assurent un déroulement de carrière calqué sur celui de leurs « homologues », qui sert de base à leur reclassement. Mais cela sans évaluation ni reconnaissance des acquis de ce mandat syndical, alors que ces acquis sont souvent loin et plus qualifiants que leur métier d’origine. D’où des remises en cause de ce système.
- Une identification, évaluation et valorisation des compétences acquises par les élus
Cela suppose d’établir des référentiels des compétences par type de mandat et de pouvoir les rapprocher des compétences développées dans les postes de l’entreprise. Ces référentiels sont élaborés soit par une institution publique, par exemple l’AFPA, soit par une institution extérieure, comme le Mandascop de Réalités du dialogue social, soit paritairement dans l’entreprise. Cela fonctionne si le dialogue social existe et se déroule de façon positive dans l’entreprise, mais quid si les relations sociales y sont conflictuelles ? Et d’autre part, cela limite cette validation des acquis aux seules compétences utiles dans une entreprise, donc peu transférables.
- Une certification universitaire
Aussi, si le dialogue social n’existe pas, ou est conflictuel, ou si la personne veut se reconvertir, effectuer une transition professionnelle, l’élu se tourne vers une certification universitaire. Le CNAM d’abord, les universités ensuite développent de plus en plus de formations continues et peuvent valider les acquis syndicaux pour une partie ou la totalité d’un diplôme selon les compétences acquises et la certification visée. C’est souvent la seule façon de se repositionner à un autre niveau d’emploi que celui d’origine, surtout là où le changement de catégorie professionnelle suppose de posséder un diplôme, que soit dans certaines entreprises ou dans les administrations. La difficulté en est le coût humain de ce parcours, en temps, en répercussions sur la vie personnelle.
Ces éléments montrent que des solutions ont commencé d’exister, mais que les réalisations sont encore trop peu nombreuses alors que beaucoup de mandatés vont arriver assez vite en fin de mandat. C’est une composante du dialogue social qui a besoin d’être bien davantage prise en charge et négociée dans les entreprises.
Source
- CEET-CNAM – La valorisation professionnelle des acquis du mandat syndical : quels dispositifs pour quels objectifs ? 13 décembre 2024 :
– https://ceet.cnam.fr/publications/connaissance-de-l-emploi/la-valorisation-professionnelle-des-acquis-du-mandat-syndical-quels-dispositifs-pour-quels-objectifs...
- Retrouvez dans Clés du social
– https://www.clesdusocial.fr/loi-rebsamen-une-protection-renforcee-pour-les-delegues-syndicaux-et-les-representants-du-personnel
– https://www.clesdusocial.fr/spip.php?page=recherche&recherche=validation+des+acquis+syndicaux
– https://www.clesdusocial.fr/validite-d-un-accord-syndical-pour-l-appreciation-des-competences-des-militants-syndicaux-du-groupe-BPCE