mercredi 29 mars 2023
En 2021, les salaires subissent encore le contre-coup de la crise sanitaire. Le salaire équivalent temps plein (EQTP) dans le secteur privé est en moyenne de 3 321 euros bruts par mois, soit 2 524 euros nets de cotisations et de contributions sociales (en 2020, l’EQTP est en moyenne de 3 300 euros brut par mois soit 2 518 euros net de cotisations et de contributions sociales). En tenant compte de l’inflation de +1,6 % en 2021, le salaire net moyen a baissé de 1,3 % sur un an en euros constants. Cette baisse de salaire succède à la forte hausse de 2020 (+3,2 %). En 2021 et 2022, les salaires progressent moins vite que l’inflation et le Smic.
Les évolutions de 2020 et 2021 sont en trompe l’œil : elles résultent pour partie des modifications substantielles de la structure des emplois (effet de structure) pendant la crise sanitaire et notamment de leur composition par secteur d’activité, condition d’emploi (temps complet ou temps partiel) et qualification (par catégorie socioprofessionnelle) :
Lorsqu’ils ne sont pas mesurés en équivalent temps plein mais rapportés à la durée contractuelle des emplois, les salaires perçus par les salariés au titre de leur activité ont diminué de 0,6 % entre 2019 et 2021 en euros constants :
Le rythme et l’ampleur des hausses du Smic en 2021 et 2022 ne se répercutent que partiellement sur la distribution des salaires de base : le salaire mensuel de base en termes réels recule sur la période, alors que le Smic réel ne diminue pas grâce aux mécanismes de revalorisation automatique qui assurent le pouvoir d’achat des personnes rémunérées au Smic :
Les négociations individuelles ou collectives de salaire n’ont lieu plusieurs fois par an que de manière exceptionnelle ; il faut souvent attendre une année et plus, pour que des changements de contexte économique, y compris les hausses du Smic, soient pris en compte dans les négociations : voir les minimas de branche par rapport au Smic courant 2022 :
Par catégorie socioprofessionnelle, le salaire journalier moyen a connu une plus forte baisse pour les employés, suivi des ouvriers qui ont été les plus touchés par les baisses d’activité en 2020 et le sont demeurés en 2021 :
Les salaires les plus élevés, et donc les plus éloignées du Smic, réagissent moins à une augmentation du Smic que ceux qui en sont proches :
Une partie de l’ajustement des salaires provient des personnes qui entrent sur le marché du travail ou changent d’emploi. Les rigidités peuvent être moindres, mais les évolutions salariales via les flux d’emploi demandent du temps pour se déployer.
La hausse du Smic en 2021 et 2022 conduit ainsi à un rattrapage, voire un léger dépassement au 3ème trimestre 2022, avec une hausse du Smic de 20,1 % depuis 2012, contre 19,0 % pour le salaire mensuel de base et 19,8 % pour le salaire horaire de base des ouvriers et employés :
Sur la période récente, les salaires de base augmentent plus vite dans les secteurs où la proportion de salariés rémunérés au Smic est élevée, les hausses du salaire de base sont plus importantes entre les 3èmes trimestres 2021 et 2022 :
À partir de l’année 2021, au moment où l’inflation s’accroît, la progression des salaires devient plus soutenue, avec un renforcement plus ou moins fort des tensions selon les secteurs :
La progression des salaires depuis la fin 2019 est comparable dans les secteurs des services aux entreprises, de l’hébergement-restauration et de la construction par exemple, alors que la part d’entreprises déclarant des difficultés de recrutement y est respectivement de 61, 74 et 80 % au 4ème trimestre 2022. Ainsi, le niveau des difficultés de recrutement ne semble pas avoir d’effet majeur sur l’augmentation des salaires.
Références